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Pierre AHNNE


J’ai des blancs


Il hante les couloirs du RER, rôde autour de son lycée, promenant sur le monde un regard désabusé et désespéré. Il a une antipathie profonde pour les adolescents dont il semble connaître par cœur le fonctionnement. Il ne croit plus en rien… Qui est-ce ? Un professeur en congé de longue maladie, pour dépression, auprès de qui rien ni personne ne saurait trouver grâce. Il semble transparent, errant dans des lieux gris, sans plus aucun but. Bref, la figure de l’anti-héros parfait, dont l’univers résonne de solitude que rien ne pourrait guérir ; ce professeur de lycée incarne, décidément, la douleur du taedium vitae… au point d’en devenir désespérant et de donner une image de lui-même peu sympathique…  Et l’univers décrit par la sensibilité de ce personnage est à la mesure de sa dépression et de la souffrance qu’il ne confiera jamais qu’à demi-mot.

Mais « quand vous cessez de renoncer, vous ne savez pas  où ça peut vous mener. Il suffit du premier pas hors de la neutralité et de l’abstention ». En effet,  le cours de la vie de cet homme va se trouver perturbé lorsque, bien malgré lui, les circonstances vont le mettre aux prises avec deux femmes – l’une remettant en question sa vie sentimentale, l’autre l’entamant – auprès desquelles il faudra faire un bout de chemin. La spirale infernale s’en trouvera brisée : écouter l’autre pour panser ses plaies, accepter peut-être pour finalement s’accepter et se surprendre à reprendre vie…

L’auteur nous propose une plongée dans la conscience d’un professeur en pleine dépression et dont le regard posé sur le monde est décapant mais ô combien lucide et juste… et qui se révèlera profondément humain. Cependant on ne tombe jamais dans les clichés ni les stéréotypes : cet homme en errance et en désespérance nous entraîne avec lui dans les flots de ses pensées et les méandres d’une souffrance presque indicible. Ainsi, ces trois personnages nous amènent-ils, nous lecteurs, à nous interroger aussi sur ces trois âges de la vie dont aucun n’est exempt du questionnement amoureux, de la douleur coupable et de la difficulté de vivre.

L’écriture est belle, exigeante et précise, effleure les êtres et les univers, glisse à la surface des personnes et des lieux tout en laissant entrevoir leur profondeur, parfois même attachante… Ce livre, à sa manière, est une traversée de l’ombre vers une petite lumière qui ne vous laissera pas indifférent.

Pierre Ahnne, professeur de lettres classiques, signe un sixième roman, après Dernier amour avant liquidation (2009), Couple avec pistolet dans un paysage d’hiver (2005), Libérez-moi du paradis ( 2002), Je suis un méchant homme (1999) et Comment briser le cœur de sa mère (1997) et tient très régulièrement un blog.

Sylvie Legendre-Torcolacci 
(23/03/15)   



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Les impressions nouvelles

(Mars 2015)
144 pages - 14 €





Pierre Ahnne,
né à Strasbourg en 1954, professeur et écrivain, est l’auteur de six romans.



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de l'auteur :
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