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Anthologie


Nulle prison n’enfermera ton poème


L’Afghanistan vit une période dramatique sous le régime des talibans. Les femmes sont particulièrement touchées mais la liberté de tous est entravée dans de multiples domaines. À l’appel de Somaia Ramish, une centaine de poétesses et de poètes – afghans mais aussi d’une vingtaine d’autres nationalités – témoignent du rôle essentiel de la poésie.

Comme l’écrit Claudine Bohi dans l’introduction :
« On n’interdit pas la poésie.
On mutile la liberté. On bâillonne les bouches. On assassine.
Mais on ne peut pas empêcher la pensée, et dans la pensée, ce qui en est une de ses manifestations essentielles, le surgissement du verbe poétique. »

L’avant-propos de Somaia Ramish précise l’objectif et l’organisation de ce projet qui a mobilisé des autrices et des auteurs ainsi que des traductrices et des traducteurs :
« À travers l’histoire, on a souvent récité de la poésie dans les moments tragiques et difficiles. Un poème a la force de toucher l’intime. Il raisonne dans le cœur des individus et, lors des mouvements pour les droits civiques et les grandes révolutions poétiques, il donne de l’ampleur aux voix de ceux qui protestent. »
« En tant que poète, je crois profondément que la poésie peut transformer le monde. J’ai la conviction qu’elle a un impact profond sur l’esprit humain. Pourtant le 15 janvier 2023, quand les Talibans ont décrété l’interdiction de la poésie, le monde qui est le mien s’est effondré. Comment ces autorités ont-elles pu décider d’étouffer ce qu’il y a de plus beau dans l’âme humaine ? »

Les poèmes ont des structures différentes selon les autrices et les auteurs mais ils ont tous une force exceptionnelle pour exprimer la douleur de la situation.

« Si seulement Dieu pouvait porter une fois votre chemise fleurie
et aller dans la rue
Et
nettoyer le sang du sol de la mosquée
puis celui
des écoles
des universités
des maternités
Si seulement Dieu pouvait être une fille
pour que l’Afghanistan repose sa tête sur ses épaules ! »
(Sahel Seraj est née en 1999, elle est poète et récitante et étudie la psychologie à l’Université de Kaboul. Après la chute de l’Afghanistan aux mains des talibans, elle a perdu la possibilité de poursuivre ses études. Elle lit des livres, écrit de la poésie et récite de la poésie contemporaine d’Afghanistan »

« Tu ne sais donc pas que mes cheveux ne reviendront pas en arrière
Maintenant qu’ils ont goûté au vent et sentit le soleil

Ton premier signe de ma non-sublimation –
Qu’une mèche dépasse, et…

Pour m’opposer j’ai choisi de faire danser mes boucles
De les enlacer à mes sœurs et d’exhiber ma liberté

Tu ne contrôleras pas mes pensées, mon éducation
Mes tresses, mes habits, mon bonheur

Je veux te troubler, te perturber
Tu ne couvriras ni ne soumettras ma force. »
(Dianne L. Knox a fait ses études à l’Université d’Iowa. Sa poésie a été publiée dans plusieurs livres et aussi dans des installations.) Traduit de l’anglais par Dora Latiri

Cette anthologie est un magnifique hommage à la liberté, au désir de vivre malgré la difficulté. Certains poèmes sont éclatés comme le sont les vies depuis l’arrivée des talibans qui ne savent qu’interdire.

L’espoir existe car les dictatures tombent toujours un jour ou l’autre mais en attendant il faut un incroyable courage à ces femmes et à ces hommes pour sauver quelques minces espaces de liberté. « Car oui les mots des poèmes portent en eux le souffle de la pensée en même temps que celui de la vie » comme le souligne Cécile Oumhani qui a joué un rôle essentiel pour qu’existe la version française de ce recueil.

Brigitte Aubonnet 
(13/03/24)    



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Poésie








Oxybia

176 pages - 13 €








Anthologie de poèmes
réunis par
Somaia Ramish




Anthologie établie par
Cécile Oumhani
pour la version française



Introduction de
Claudine Bohi