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Ruth WHITE


Petite Audrey


Dans cet émouvant récit, Ruth White nous emmène au pays de son enfance, plus précisément en 1948 à Jewell Valley, une cité minière de l’état de Virginie. Son père était mineur et sa mère s’occupait des quatre enfants. Quelques années plutôt, ils étaient cinq, mais la petite dernière, Betty Gail, est morte à sept mois d’une méningite cérébro-spinale. La vie de la famille s’en est trouvée très perturbée. La mère a des absences et le père passe des week-ends très alcoolisés.

Maman se tient debout, elle regarde par la fenêtre tout en se passant de la vaseline sur les mains. À son regard, je comprends qu'elle n'est pas là. Son absence dure depuis des jours. Elle est franchement bizarre comme ça, et je ne me souviens pas si c'était autrement à une autre période. Généralement, il se passe quelque chose qui provoque cet état, par exemple elle apprend une mauvaise nouvelle, ou quelque chose vient lui rappeler un moment triste du passé, ou encore papa se montre encore plus méchant que d'habitude.

La narratrice, Audrey, a onze ans et nous conte son quotidien à un moment crucial de sa vie.

Elle mène une existence plutôt tranquille avec ses trois petites sœurs, qu’elle surnomme les trois petits cochons. Elle va à l’école, adore son institutrice, Mlle Stairus, et aime beaucoup Virgil, un garçon de sa classe qui la fait rire avec ses histoires et ses jeux de mots. Par contre, elle évite autant que possible deux « mauvais garçons », Ron Keith et Thurman qui l’embêtent dès qu’ils la croisent et l’appellent Nénette squelette parce qu’elle a beaucoup maigri après sa scarlatine. Mais le surnom qui l’énerve le plus c’est Petite Audrey, un personnage de bandes dessinées, car « les blagues de Petite Audrey sont devenues encore plus populaires que les histoires de Toto ».

De temps à autre, ses grands-parents paternels viennent passer un moment chez eux et c’est jour de fête parce qu’ils donnent aux enfants de l’argent pour aller acheter un poulet (et des bonbons) au magasin de la compagnie.

Les autres jours, les repas sont parfois sommaires. Le père reçoit son salaire chaque vendredi sous forme de tickets tamponnés Compagnie Charbonnière de Jewell Valley. « On les emporte au magasin de la compagnie pour acheter ce qu'on veut, ou bien on les échange contre du vrai argent si on veut les dépenser ailleurs. Sauf que si vous êtes comme nous et que vous n'avez pas de voiture, vous êtes obligé de prendre vos provisions sur place. La plupart du temps, on se retrouve à court de tickets avant la fin de la semaine. » Il faut dire que le père en garde une partie pour les sorties arrosées avec ses copains…

L’auteur nous explique, dans un avant-propos, avoir choisi pour narratrice sa sœur Audrey, la plus âgée. Ruth White, elle, était le plus jeune des "trois petits cochons", six ans à l’époque.
Une photo accompagne l’avant-propos, prise dans la maison qu’ils habitaient "avant", avant la mort de Betty Gail, avant de déménager pour Jewell Valley. Cette photo est décrite dans le roman par la narratrice quand elle évoque le souvenir de la cinquième petite fille.
Je me rappelle très bien la lueur de ses yeux bleus quand elle riait. Je passais plus de temps avec elle que maman. J'arrivais à la faire rire aux éclats. Et elle avait des fossettes. Maintenant, nous n'avons plus qu'une photo d'elle, prise quand elle avait quatre mois et que nous vivions dans une maison du quartier Buck Jewell à Whitewood – papa travaillait à la mine de là-bas. On a déménagé à Jewell Valley à cause du logement gratuit. Sur la photo, nous sommes dans le jardin de la maison de Buck Jewell, toutes, ne manque que papa. On peut voir la maison à l'arrière-plan. Elle est blanche. J'aimerais avoir une maison blanche aujourd'hui, et un bout de jardin. Maman est jolie sur cette photo. Elle porte une robe de couleur foncée, avec des manches bouffantes au niveau des épaules. Je me demande ce qu'est devenue cette robe. Mais c'est Betty Gail qu'on voit en premier et en dernier sur ce portrait. Quel bébé adorable ! Quelquefois je pense que maman nous échangerait bien toutes les quatre contre son bébé perdu, si elle le pouvait.

Ce récit est à la fois attachant par les émotions qu’il décrit sans excès de pathos et intéressant pour la peinture du quotidien d’une famille en Virginie après la deuxième guerre mondiale. A cela s’ajoute une bonne dose d’humour qui équilibre la gravité de certaines pages. Un livre à conseiller dès que les lecteurs ont l’âge de la narratrice…

Serge Cabrol 
(22/04/10)    



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Jeunesse







Editions Thierry Magnier

Collection
Romans adolescents

128 pages - 10 €


Traduit de l'anglais
(Etats-Unis)
par
Valérie Dayre










On peut trouver
chez Thierry Magnier
un autre roman
du même auteur :



Le fils de Belle Prater