Lou, c’est le diminutif de Louise, une collégienne qui emménage à Toulouse avec sa famille. La mère écrit des romans, le père, prof de fac, est polarisé par le réchauffement de la planète, et le grand frère, Jean-Baptiste, passe son temps libre sur son ordinateur. Et puis, il y a le chien, Yuc, dont les pensées apparaissent régulièrement en italique dans le texte en créant un effet parfois émouvant, souvent comique.

« Le vélo est sûrement la plus belle invention des humains, après le fromage. C’est souvent pénible de devoir attendre Lou quand elle se traîne à pied. A vélo, elle va presque aussi vite que moi. Pour des raisons inconnues, elle s’arrête de temps en temps, toujours aux mêmes endroits, où il n’y a rien de particulièrement intéressant. J’ai cru comprendre qu’il y aurait un lointain rapport avec les voitures, mais lequel ? Encore un mystère humain. »

Dans la penderie de sa nouvelle chambre, Lou découvre que la porte a servi de toise à la famille qui les a précédés dans cette maison. De multiples marques indiquent la croissance des deux enfants, Mehdi et Dhouha, entre 1995 et 2004. Et après ?

Qu’est devenue cette famille ? Et surtout que sont devenus les enfants ? C’est ce qui intrigue Lou. Avec l’aide du vieux voisin bougon et de la chatte noire qui ne cesse de vagabonder entre son ancienne et sa nouvelle demeure, Lou, sans hésiter à prendre de gros risques, va mener une enquête difficile et dangereuse… Heureusement, Yuc ne la quitte pas d’une semelle.

Enfants gâtés, enfants battus, une opposition émouvante qui intéressera les ados, sans faire l’économie d’une réflexion sur les enfants esclaves, pas seulement dans les pays du tiers-monde, mais aussi ici, dans les murs de nos villes modernes et débordantes de richesses.

Encore une fois, Florence Thinard associe humour et sujet grave, avec un regard bien ouvert sur la misère du monde et des personnages qui se donnent du mal pour aider les autres, comme c’était déjà le cas dans Boulot d’enfer paru en début d’année chez Thierry Magnier.

Encore une fois, les éditions du Rouergue offrent à leurs lecteurs un roman fort qui les amène avec intelligence, humour et sensibilité à partager les soucis des personnages de leur âge, qu’il s’agisse du rapport à l’être intime (comme dans Sanguine présenté récemment sur ce site) ou du rapport aux autres et au monde qui les entoure.

Serge Cabrol