Inge SCHOLL

La Rose blanche
Six Allemands contre le nazisme


A l’heure où, sous l’effet de la crise, l’antisémitisme fait un retour en force, où un "comique" se plaît à faire monter en scène le négationniste Faurisson, il nous paraît bon de lire et de faire lire autour de soi La Rose blanche d’Inge Scholl. Un tel livre ne s’oublie pas. Ce qu’il raconte est une leçon de courage et d’humanité pour tous ceux qui, aujourd’hui encore, luttent sans armes et dans l’anonymat contre l’oppression d’où qu’elle vienne.

En 1943, alors que la bataille de Stalingrad est terminée, cinq étudiants et un professeur de philosophie montent un groupe de résistance pacifique dont le seul but est d’alerter l’opinion en ronéotypant des tracts qu’ils diffusent autour d’eux. Parmi eux, le frère et la sœur de Inge Scholl, Hans et Sophie. Hans étudie la médecine ; Sophie, la philosophie. Tous les deux sont profondément croyants, habités par cette lumière de l’amour qui transcende la peur et l’intérêt personnel. Antigones modernes, Hans et Sophie placent leur conscience au-dessus des lois iniques de leur pays. Et quel pays ! Celui de la Gestapo, des camps de concentration, des chambres à gaz. Mais aussi et surtout celui de Goethe, Novalis, Fichte, Gottfried Keller… Autant d’auteurs dont les citations nourriront les six tracts reproduits à la fin du livre. Comme quoi, la culture n’est pas qu’un supplément d’âme : elle élargit la conscience, aiguise le sentiment de justice, rend plus humain.

Hans et Sophie ne sont pas seuls : il y a aussi dans leur groupe trois étudiants en médecine, Christoph Probst, Willi Graf, Alexander Schmorell, et un professeur de philosophie, Kurt Huber. Lors de son procès, instruit à la va-vite comme pour les autres par une pseudo cour de justice populaire, Huber déclare devant ses juges : « Vous m’avez déchu du rang et des privilèges de professeur, vous m’avez comparé au plus bas criminel. Aucun procès en haute trahison ne peut m’enlever ma dignité intérieure de professeur d’Ecole Supérieure, d’homme qui dit clairement, sans faiblesse, sa conception du monde et de la vie politique. »

Cette dignité intérieure, ce courage de dire non, Inge Scholl les rend admirablement dans son livre à l’écriture dépouillée. Par le biais de témoins, nous assistons aux dernières heures de Hans et de Sophie dans leur cellule, puis aux dernières minutes qui précèdent leur exécution. Tout est calme en eux. La haine ne les habite pas. Le bourreau lui-même en est frappé de stupeur. Enfin, on leur tranche la tête. Tout est fini. Tout peut commencer. Dans moins de deux ans, l’Allemagne nazie ne sera plus qu’un champ de ruines.

Pascal Hérault 
(18/03/09)    



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Editions de Minuit, 1955
Collection de poche
"double", 2008
160 pages - 6,80 €


Traduit de l’allemand par Jacques Delpeyrou