John Lofty Oakes, surnommé Lijo n'est pas plus grand qu'un pouce : « Il était venu au monde minuscule de torse et de crâne, d'un blanc de porcelaine, aussi rond et souriant que les bouddhas disposés dans la vitrine de monsieur Wong Lee » et pourtant, il va vivre des aventures hors du commun : parler aux opossums, pleurer de l'or, rencontrer les esprits de l'eau et de la forêt, se transformer en rat, visiter les Enfers...

Ce récit foisonnant entremêle habilement l'univers du merveilleux et le conte philosophique. Le narrateur omniscient raconte avec humour les déboires du héros et son apprentissage du monde. Certains passages ne sont pas sans rappeler L'Ingénu de Voltaire et la fausse objectivité du narrateur dissimulée derrière le rocambolesque des situations égratigne la cupidité ecclésiastique : « Monseigneur regarda à nouveau, grimaça et détourna le front, car au fond de la coupe il ne voyait rien d'autre que ce qu'il produisait lui-même chaque soir, à savoir un colombin tout noir dont l'odeur prenait à la gorge. "Mais qu'as-tu fait là, petit insolent ?" demanda le vieillard au pauvre Bartholomé d'un air si exaspéré que l'enfant ne sut que répondre. »

C'est pas à pas, en tirant les leçons de ses expériences passées, que le héros découvrira la véritable sagesse car, derrière les multiples mésaventures de Lijo, se glisse une quête de spiritualité qu'on sent être celle de l'auteure elle-même. Et plus on avance dans la lecture, plus on se dit qu'un jour, on aimerait bien, nous aussi, rencontrer un rat bouddhiste pour qu'il nous apprenne à regarder le monde autrement.

Enora Bayec 
(09/09/10)