Retour à l'accueil du site | ||||||||
Corine POURTAU
L'adolescence est une période de transition difficile pour les jeunes
comme pour les parents. Une femme cherche son fils depuis six ans. Il fugue
depuis l'âge de quinze ans. Connaît-on ses enfants ? Peut-on les
comprendre quand on est parent ? Jusqu'où peut-on aller quand on aime
quelqu'un ? Corine Pourtau crée une tension dans ses nouvelles où l'émotion est très bien rendue, portée par une écriture qui fait naître d'étonnantes images : "Il y avait des heures et des heures qu'elle était cachée là et il faisait si noir ! Comment savoir si le jour était loin encore ? Le temps s'écoulait, épais, presque matériel ; il lui semblait en sentir le poids sur elle. Pour un peu, elle aurait plongé à pleines mains dedans, en aurait arraché les minutes par poignées entières, les aurait tassées sous sa tête douloureuse pour s'en faire un coussin." Les jeunes de Corine Pourtau sont confrontés au temps des peurs, au temps de l'ennui, au vide de leur vie, à l'exclusion dont ils se sentent victimes. Ils trouvent parfois des issues à leurs questionnements. Plusieurs des nouvelles font se croiser des destins et le point de rencontre bouleverse les parcours. L'exploitation de jeunes "Rroms" s'inscrit dans les problématiques personnelles qui vont croiser les intentions douteuses de certains hommes. Une relation va s'établir dans un village entre une femme et un jeune adolescent. Quel lien peut-il les réunir ? Nous l'apprendrons au fil des pages. Corine Pourtau nous entraîne vers diverses pistes possibles. Les jeunes sont confrontés à la découverte de leurs sentiments, à la jalousie, à l'âpreté de la vie. Le suspens est maintenu dans chacune des nouvelles où nous frôlons l'écriture noire et où les frontières du réel sont poreuses. Parfois, nous doutons de la réalité comme les personnages mais cela offre une dimension attachante à ces jeunes parfois perdus dans leur vie. Une jeune fille est subjuguée par la couverture d'un livre qu'elle voit
dans la vitrine d'une librairie un soir de pluie. Cela va l'emmener sur des
chemins bien étranges. La mise en abyme d'un roman dans la nouvelle crée
aussi une atmosphère particulière car Louna a l'impression de
se reconnaître dans le roman : "Les mots vibraient en elle, nommant
les unes après les autres les sensations confuses qui l'avaient étouffée
jusque là, dénouant leur écheveau, libérant son
cur. Ce poids des jours, sans raison, ces enthousiasmes qui tournaient
court, cette impression d'attendre elle ne savait quoi qui ne venait pas, le
vide, l'impossible adhésion à ce qui passionnait ses amies au
lycée, le sentiment perpétuel d'être à côté,
décalée, tout était dit là, dans le livre, et présenté
d'une manière qui l'éclairait d'un jour nouveau." Une star revient sur ses premiers souvenirs du temps où elle n'était pas connue. Le passé émerge dans son présent. Un passé douloureux qui continue à la hanter malgré sa vie hors du commun. Des encres de Victor Hugo accompagnent le recueil de nouvelle en nouvelle comme
des respirations. L'imaginaire littéraire et pictural se complète
et crée un très bel ouvrage. Brigitte Aubonnet (11/04/12) |
Sommaire Lectures D'un noir si bleu Collection Les Noirs... 152 pages - 16 €
Visiter le site de Corine Pourtau : http://vertdencre. blogspot.fr/ Découvrir sur notre site d'autres livres du même auteur : Cœur d'Aztèque Absences |
||||||