PARRA

Noir Sommeil
Shoah



Dans une écriture à l’intensité remarquable – de cette intensité que l’on peut sentir devant le gouffre du néant – Jean-Pierre Parra, au fil des poèmes, réintroduit de l’humanité en cet univers inhumain qu’est la Shoah. Cette humanité est désespérée, puisque vouée à la mort. Tout d’abord, on commence à lire en restant à distance pour ne pas trop ressentir la souffrance dite, puis au détour d’une page, on tombe sur :

Morts tombés vus de toutes parts
couverts de fumée et de cris
voir
sens glacés
les pâles époux
les pâles épouses
les pâles enfants
immolés avant l’âge

Et cette litanie nous arrête, nous fait prendre conscience que l’on parle d’êtres uniques et non pas de masse humaine (on retrouve cette litanie sous une autre forme plus loin dans le recueil : les pères / les mères / les époux / les enfants / les vieillards). Alors tout le recueil prend sa dimension, dévoile l’humain en un monde cruel et destructeur des nœuds de vie. Car tout l’art de Jean-Pierre Parra est de dire à « raz d’homme » la souffrance de ces êtres qui, s’ils ne sont pas tués immédiatement, vont charrier des cadavres dans une odeur de mort insoutenable. Merci à Jean-Pierre Parra d’avoir su en une poésie sobre nous traduire toute l’intensité de ce crime :

Enchaîné dans ce monde
qui n’est pas celui des humains
chercher
frémissant au milieu de la peur
la vie en toi-même qui s’enfuit

Un recueil que je vous recommande pour cette réussite de traduire en poésie toute la force de l’être qui, s’il n’est déjà mort, survit.

Gilbert Desmée 
(04/04/08)    



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Poésie









Editions Sol'Air
120 pages - 12 €






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