Mary-Bena CHATTFELD, Les filles ça pleure !


Les filles ça pleure ! Il faut dire qu’elles ont parfois de sérieuses raisons ! Les filles, dans ce roman, se nomment Aline et Martine. Par une construction en chapitres alternés, nous les découvrons peu à peu l’une et l’autre.

Aline, derrière sa fenêtre, regarde passer le gros camion rouge conduit par Martine.

Aline est coincée dans son fauteuil roulant depuis trois ans, depuis qu’un chauffard ivre l’a renversée au bord du lac. Elle est mariée avec Borko, le Serbe velu comme un ours qui a disparu il y a deux ans, peut-être parti bûcheronner dans le Haut-Jura. Depuis le départ de son mari, Aline subit les visites de Maurice, le gendarme, qui vient satisfaire avec elle ses besoins de sexe. « C’était bien vrai que les hommes avaient une queue à la place du cerveau, un organe exigeant comme tant d’autres, comme l’estomac sauf qu’il fallait le vider au lieu de le remplir. »

Martine partage cet avis sur les hommes. Elle sort de Fleury-Mérogis où elle a vécu trois ans et demi pour avoir castré un oncle incestueux. Des raisons de pleurer, des raisons de hurler. Sa mère écrasée accidentellement par le camion de son père qui en est devenu fou. La mort de la grand-mère qui la laisse aux mains avides de l’oncle Louis-Edouard… « J’en ai marre des hurlements. Ça hurle dans ma vie depuis que je suis gamine. Je n’oublierai jamais le hurlement de ma mère qui se déforme sous mes yeux, j’entends encore le hurlement de mon père qui couvre mon propre hurlement. Mémé qui hurle que Minadou est mort, tonton qui hurle que je dois me laisser faire, les femmes qui hurlent la nuit dans les couloirs de Fleury. » Alors quand un gamin hurle à chaque fois qu’elle traverse la ville au volant de son camion, elle ne supporte pas !

Borko est-il vraiment parti dans le Haut-Jura ? Pourquoi le Béniche hurle-t-il quand passe le camion ? Pourquoi le gendarme se permet-il cette relation avec Annie ? C’est un cadavre repêché dans le lac qui fournira bien des réponses. On ne se méfie jamais assez des squelettes bavards !

Mary-Bena Chattfeld est le pseudonyme d’un auteur à quatre mains. Deux de ces mains appartiennent à Marie-Ella Stellfeld, auteur de romans publiés chez Bérénice et Pétrelle. Les deux autres appartiennent à Bernard Chatelet dont trois livres ont paru aux éditions Mutine.

Ce roman est publié dans une collection originale, Petite Nuit, qui regroupe dix petits polars par département. Après l’Yonne, la Côte-d’Or, la Saône-et-Loire et la Nièvre, voici l’Ain, une nouvelle série qui s’achève, où l’on peut aussi trouver La Bresse dans les pédales de Roland Fuentès dont le narrateur s’efforce de persuader un commissaire qu’il n’est pour rien dans tous les crimes qu’il a vu commettre pendant ses virées nocturnes sur son vélo de 1936. Une découverte très insolite de la région…

Serge Cabrol 



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Noir & polar





Mary-Bena Chattfeld
Les filles ça pleure !


Editions Nykta
Collection Petite Nuit
80 pages / 5 €




Roland Fuentès
La Bresse dans les pédales


Editions Nykta
Collection Petite Nuit
60 pages / 5 €



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