Roland NADAUS

La Guerre des Taupes



Tous ceux qui, après avoir retourné leur terrain, ont consciencieusement tassé ce même terrain pour y semer du gazon, se reconnaîtront dans cette histoire. Ils se souviendront qu’un matin, regardant leur pelouse enfin devenue belle, ils ont été intrigués par quelque chose d’anormal : l’apparition d’une ou plusieurs buttes de terre communément appelées des taupinières. Et combien, cette lutte de chaque jour était devenue une obsession, virant certains jours au cauchemar, faisant naître des envies de meurtre. Je n’insisterai pas sur l’incroyable panoplie de moyens techniques, chimiques ou biologiques achetée et mise en pratique pour un résultat frisant le ridicule. À quoi il faut ajouter l’irrépressible besoin d’en savoir plus sur l’ennemi : la taupe. Cette histoire, faites-la vivre en parallèle avec celle de vos rapports avec un voisin envahissant, très envahissant même, et vous aurez les ingrédients de ce livre : La Guerre des Taupes. Où les aventures du personnage principal en son combat contre les taupes semblent être la métaphore de celles qu’il a avec ceux qu’il nomme « les Barjots ».

Roland Nadaus nous brosse les portraits des habitants de La Hurlière où son personnage principal possède une propriété : Les Kédrons. Il nous fournit même un plan du petit village au début du livre.
Pour situer les choses, lisons Roland Nadaus :
La guerre des taupes a commencé un 11 septembre. C’était un jour de congé pour Dana et pour moi. C’est pour cela que nous étions à La Hurlière. Nous l’avions achetée neuf mois plus tôt (...)
Elle eut le temps de voir les taupes – et même un peu s’édifier Fort Barjot. La dernière Guerre a toujours son origine dans les erreurs du traité de paix précédent. C’est comme dans un film intérieur. Comme le dedans qui est dehors. Et vice-versa bien sûr. Dans la lecture liturgique du 11 septembre Dieu est absent. Il dort – ou il fait semblant. La tempête se lève. Le vent tue les blés, l’orage ravage la mer. La tornade jette ses éclairs bleus. Il y a des blessés partout et des morts qui tombent, il y a des noyés qui hurlent la bouche pleine sans pouvoir hurler. Et Dieu dort, sur le pont, au milieu des hommes affolés, certains prétendent qu’il dort à la poupe, dans le passé, et d’autres qu’il dort à la proue, dans l’oubli du futur – mais tous dénoncent ce présent de tempête dont il est forcément complice. Ou alors il n’existe pas. C’est la lecture liturgique du 11 septembre, de ce 11 septembre-là. Dieu est présent – mais il s’est absenté.


Tout le livre tournera, jour après jour, autour de l’objectif de faire disparaître les taupes et éviter, contrer l’envahissement des Barjots, sans que le personnage se rende compte que c’est de sa vie qu’il s’agit.

Il est intéressant de voir que Roland Nadaus commence son roman par une énigme. Son personnage principal est dans une ambulance des pompiers, blessé : Dans le VSAB, il y a des pompiers et un blessé. Le VSAB c’est un Véhicule de Secours et d’Assistance aux Blessés – une ambulance. Les pompiers sont des volontaires. Le blessé, c’est moi. (…) Il a l’air très pressé, on comprend qu’il va vers l’hôpital, il dépasse une voiturette en franchissant la ligne blanche continue. Après on ne le voit plus. Mais on entend son deux-tons, de plus en plus poussif. Une pancarte occupe tout l’espace : HÔPITAL BARDO THÖDOL.
C’est là que je me réveille, longtemps après.

C’est à la fin du roman que nous apprendrons le pourquoi de cet envoi en urgence du notre personnage principal à l’hôpital.

Entre les deux, nous vivons au rythme des évènements du village : des moutons blessés par les chiens des Barjots, l’agrandissement de Fort Barjot, une manifestation des agriculteurs qui bloquent entièrement le village avec des engins agricoles, etc. Et, bien sûr les aventures du chasseur de taupes.

C’est amusant, ironique, et empreint d’une certaine tendresse pour les personnes comme pour les animaux (même les taupes). Roland Nadaus nous emmène dans cette Guerre des Taupes, sur un rythme enlevé et vif, donnant l’impression d’être aux premières loges pour vivre tout cela. L’écriture donne vie et force, sans jamais caricaturer, à ce « documentaire » fiction qui nous dit un boccage saccagé et l’installation du Quart Monde en ce lieu.

Je vous recommande la lecture de ce roman que j’ai lu d’une traite, n’arrivant pas à fermer le livre. C’est très prenant, jouissif même. On rit, on compatit, on prend parti et on est pris dans les filets du narrateur.

Gilbert Desmée 
(09/08/08)    



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Les Promeneurs Solitaires
2, chemin de la Regagnade
83440 Tourettes

206 pages - 12 €









Roland Nadaus
né à Paris en en 1945, est poète, nouvelliste, romancier... Auteur d'une trentaine d'ouvrages, il a aussi assumé des mandats politiques : maire, conseiller général, etc.


Pour visiter le site
de Roland Nadaus :
http://rolandnadaus.
monsite.wanadoo.fr






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