Roland NADAUS

Les grandes inventions de la préhistoire


J’aime dans la poésie de Roland Nadaus cette façon pertinente qu’il a de parler de sujet sérieux avec une dose d’humour. Un humour pertinent donc. Parler d’« Amour », sujet de ce recueil, en titrant « les grandes inventions de la préhistoire » est à la fois sérieux et humoristique en même temps. Sérieux, car en effet, l’homme en devenir ne devient quelqu’un qu’à travers cet amour qu’il donne et reçoit de cet autre, ici une femme. Une femme avec qui tout devient différent, avec qui soi-même se transforme au contact permanent de cette altérité.
Dès le début du premier poème cela est dit de manière forte :
L’invention du Passé commence avec notre amour : exister n’existe qu’au présent de toi.

Vous l’aurez compris, nous sommes en présence de poèmes en prose qui ont pour titre une invention : du passé, de l’écriture, de la roue, du poème, etc. Nous pourrions dire même qu’il invente sa préhistoire. Dans L’invention de la Guerre, il se dépeint comme un guerrier : J’étais en sueur comme après une de ces nombreuses courses dans la savane où j’apprenais la Ruse j’étais en tueur j’étais en toi j’étais en tueur en toi… Il continue plus loin : Tu m’as alors inventé la douceur la tendre patience du jouir – et que la Guerre d’Amour n’a de guerre que le nom : petite mort est cri de vie fût-ce en silences soupirés. C’est cette guerre que j’aime – et l’arc de triomphe de tes bras.

Tout le recueil est garni de cette métamorphose métaphorique, dans une écriture pleine d’allant, de verbe gai qui laisse si bien paraître ce bonheur d’aimer et d’être aimé. Roland Nadaus est un poète qu’il faut lire absolument. Chaque recueil est une joie pour le lecteur, avec cette écriture à la fois simple et en même temps si féconde en rebondissement, en renversement. Il sait pointer et dire poétiquement ce que veut dire être aujourd’hui. Pour essayer de vous entraîner à la lecture de ce recueil, quelques extraits de « La Dernière Invention » :
Qu’est-ce que je n’aurai pas inventé pour toi ! Je me suis même inventé moi j’ai posé ma mort devant moi – elle sans que je l’aime pour toi.
Et plus loin :
Je me suis tout inventé pour toi-même ma mère le croit elle ne m’avait pas vraiment mis au monde – mais maintenant elle a compris que faire naître si c’est donner la mort c’est aussi donner à l’Amour – mais d’un ou d’une autre…

Avec ce surprenant post-scriptum :
Post-scriptum pariétal retrouvé dans la grotte SMS :
J’l’SaV j’V mou mon am’r J’V mou j’l’saV bi 1
J’tM j’tM j’tM m’bli pas mé j’VTM 2+lo 1


Il me faut signaler les très belles photos de Magali Lambert qui accompagnent ce recueil.

Gilbert Desmée 
(08/07/08)    



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Poésie









Editions Corps Puce
Collection
Liberté sur parole

60 pages - 8 €


Editions Corps Puce
27 rue d’Antibes
80090 Amiens




Roland Nadaus

a obtenu le prix international de poésie Antonio Viccaro décerné lors du Marché de la Poésie 2007, en association avec le Festival International de Trois-Rivières au Québec, dont il était l’invité à l’automne 2007.


Pour visiter le site
de Roland Nadaus :
http://rolandnadaus.
monsite.wanadoo.fr