Retour à l'accueil du site






Stéphanie MICHINEAU

Construction de l'image maternelle
chez Colette de 1922 à 1936



Le livre de Stéphanie Michineau, Construction de l'image maternelle chez Colette de 1922 à 1936 est un travail universitaire très pointu mais aussi une approche littéraire et psychologique susceptible d'intéresser un public plus large car l'auteur analyse avec une grande précision les motivations de Colette pour l’écriture dans le cadre des relations filiales, permettant aux lecteurs de mieux comprendre l'enjeu de ses livres les plus importants.
L’analyse de l’œuvre de Colette révèle le paradoxe des relations qu’elle avait avec sa mère : « Les premiers romans de Colette se caractérisent tous par une absence radicale de la mère qui a beaucoup étonné la critique a posteriori. Pourquoi Colette fait-elle de son héroïne une orpheline aux prises avec un père inconséquent alors qu’elle-même a connu une enfance heureuse et choyée ? »

Trois parties charpentent le livre dans l’évolution humaine et littéraire :
La culpabilité filiale où sont présentées Colette ou l’art de la dérobade puis Sido, une mère envahissante et La volonté de réparation.
Par-delà la mort allant du Créateur Colette à L’atavisme pour terminer sur Le mythe Sido.
L’identité retrouvée grâce à la mère avec L’écriture : un acte vital, Le discours de la conformité et L’identification et la distanciation face à la mère.

La difficulté d’exprimer son amour pour sa mère hante l'imaginaire de Colette qui dans son œuvre va déformer la réalité pour mieux créer la fiction et la rendre plus humaine donc plus proche du lecteur. La problématique évoquée est aussi de savoir comment se libérer de sa mère souvent ambiguë : «  Sido interpelle sa fille méchamment sans raisons apparentes, elle lui demande son opinion pour mieux la lui reprocher par la suite. »

Au travers des livres de Colette nous suivons l’évolution psychologique : « en coupant ses cheveux, c’est un peu comme si Bel-Gazou avait tranché symboliquement "le cordon ombilical" qui la rattachait à Sido. » Comme dans beaucoup de cas « la mère souffre de l’indifférence de la fille qu’elle interprète toujours comme un manque d’amour à son égard. » Sido est une mère étouffante et se libérer équivaut à prendre de la distance. Rien n’est simple. La correspondance entre Sido et sa fille « nous dévoile une Colette égocentrique qui ne se rend pas toujours compte du mal qu’elle cause autour d’elle. »

L’écriture sera un moyen de renouer les liens. Les apparentes contradictions qui apparaissent dans l’œuvre de Colette montrent une réelle maîtrise de son écriture qui, après la mort de Sido, permettra d’inverser la situation « en dominant celle-là même dont elle redoutait l’emprise. »
Colette va aussi tenter de réhabiliter ce père si mal connu de son vivant par le biais de l’écriture. Colette va ainsi immortaliser ses parents.

Des œuvres photographiques sont insérées au centre du livre et viennent en écho avec les chapitres.

Toute quête humaine est la recherche de son identité. L’écriture est aussi le reflet de ce cheminement : « Pourquoi suspendre la course de ma main sur ce papier qui recueille, depuis tant d’années, ce que je sais de moi, ce que j’essaie d’en cacher, ce que j’en invente et ce que j’en devine ? – extrait de La naissance du jour. » Ce roman est « une sorte de manuel qui apprendrait aux femmes à vivre en paix avec l’homme qu’elles aiment, un code de la vie à deux… »

De l’amour filial, Colette s’extrait peu à peu pour trouver sa voie dans l’amour « universel et non captatif. »

Le livre de Stéphanie Michineau nous plonge dans l’œuvre de Colette pour mieux en percevoir la dimension littéraire et humaine dans son approche des problématiques universelles.

Brigitte Aubonnet 
(24/08/10)   



Retour
Sommaire
Lectures











Editions Edilivre

120 pages - 14 €





Photo © François Le Guénnec
Stéphanie Michineau,

est aussi l'auteur d'une thèse, L’Autofiction dans l’œuvre de Colette, soutenue le 22 juin 2007
à l’Université du Maine
et publiée en 2008
chez Publibook.



Visiter le blog
de l'auteur




Découvrir sur notre site
un ouvrage écrit par
Stéphanie Michineau
sous le pseudonyme
de Fanny Cosi


Pensées en désuétude