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Klaus MANN

Génération perdue



Un voyage en avion sera l’occasion d’une rencontre et le début d’une relation amoureuse entre Gert – "une grande jeune femme à lunettes d’écaille" sans argent et peintre, qui a une liaison avec une baronne, aime les fêtes et la société décadente de 1929 avant l’arrivée au pouvoir d’Hitler – et Jak qui fait partie des jeunesses communistes.

Gert présente très rapidement Jak comme son fiancé ce qui déplaît à la baronne. Nous découvrons différents personnages et l’ambiance toute particulière de cette période du début du siècle en Allemagne. L’insouciance et l’engagement politique se côtoient et les contradictions ne manquent pas.

« Le bruit de la vaisselle brisée provoquait force cris, on hurlait de joie, en proie au plaisir insensé que donne le droit de détruire. Des cruches volaient en éclats, déchaînant des braillements inouïs. C'est en poussant de tels cris que les soldats se jettent sur une ville livrée au pillage. »

« Les origines de Gert étaient elles aussi assez ténébreuses, mais elle n'en parlait jamais. Ils étaient tous les deux les enfants en fuite d'une bourgeoisie maudite : lui s'était réfugié au sein du prolétariat, elle dans des mondanités de bas étage. Mais aucun des deux ne se sentait très assuré dans le milieu de son choix. C'est pourquoi ils passaient d'un extrême à l'autre. Il pouvait arriver à Gert, au beau milieu d'une soirée chic, de se mettre brusquement à boire de la bière au goulot. Quant à Jak, il portait des chaussures de luxe et prenait l'avion comme un grand industriel – pour se rendre à un rassemblement de la jeunesse prolétarienne. »

Ces deux jeunes adultes n’aiment pas la médiocrité mais ce qui est un peu fou et surprenant. Un jour Jak va disparaître. Ils vont s’écrire mais l’amour les sauvera-t-il de ce monde où il est si difficile de trouver sa place ?
Les illustrations aux teintes sombres traduisent bien les inquiétudes face à l’avenir.
L’idéologie communiste ne permettra pas d’éviter le malheur qui va arriver et la société bourgeoise et décadente ne propose pas une alternative acceptable.
C’est un texte intéressant qui renvoie aux questionnements essentiels, là où les problèmes de société et la vie personnelle se croisent. On ne peut vivre en dehors de son époque.

Brigitte Aubonnet 
(24/05/10)   



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Lectures










Ed. du Chemin de Fer

100 pages - 14 €

Une nouvelle de 1929,
inédite en français,
traduite de l’allemand
par
D. L. Miermont
et
I. Lacroix-Pozzi




Gravures de
Pascale Hémery



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Klaus Mann
(1906-1949)
fils aîné de Thomas Mann