Bernard POUCHELE & Jean DISTEL

Drôle de Limousin



Le limousin est une région riche de mystères et de contradictions que nous révèlent les textes de Bernard Pouchèle et les photos de Jean Distel.
De l’ombre à la lumière, du dramatique au drôle, Bernard Pouchèle nous parle du granit, des châtaignes, de la lumière :
Et voici le plus rare des trésors limousins, le trésor qui ne se touche ni du doigt ni du pied, ce trésor que la main ne retient pas : la lumière. Drôle et sublime lumière du Limousin. Drôle parce qu'ici la lumière est ce qu'elle est nulle part ailleurs : une matière première. Et le Limousin possède les plus beaux et les plus riches gisements de lumière qui soient. Il exporte sa lumière comme le Basque exporte ses espadrilles ou le Breton son jambon de banlieue. Et il l'exporte gratuitement. Rassurez-vous il ne s'agit pas de la lumière qui sort par les fils de l'EDF mais de la lumière portée par le fil du temps.
Et le Limousin exporte sa lumière, conditionnée au mètre carré, entoilée et encadrée. Et on la retrouve alors épinglée aux cimaises du Louvre, du British Museum ou dans les coffres-forts des riches Américains.
Voilà l'affaire. On s'appelle Armand Guillaumin (c'est le premier à avoir découvert la mine et le filon), Claude Monet ou Francis Picabia.

… de l’eau, de l’histoire :
On est dans les années 700 et des… et ce coup-ci se pointent les Arabes. « T’achètes mon tapis. Non. Alors prend ça dans la gueule. » Arrive Charles Martel qui n’avait pas battu les Arabes à Poitiers mais à moitié et qui achève l'affaire au siège d'Uzerche où le Sarrazin est transformé en galette. Ils en oublient quelques chevaux qui feront plus tard l'anglo-arabe du Limousin et quelques tapis qui donneront des idées aux lainiers de Felletin et d'Aubusson.
… des célébrités nées ou ayant séjournées en Limousin, des révoltes, de la Résistance, des drames :
On n'a pas compris pourquoi à Oradour-sur-Glane, une petite fille jouait à la marelle sous les yeux de sa maman dans un lumineux après-midi d'été. Et que trois heures plus tard, elle était dans les bras de sa maman, amoureusement, pas tout à fait. Dans les bras de sa maman debout sur un tabernacle qui fondait dans la fournaise d'enfer d'une église en flammes.
… de la politique :
Voilà le genèse de la gauche limousine. Ici la lutte des classes, c’est à l’école, à la récré, quand les gamins s’en mettent une. La politique profonde du Limousin est une politique de la terre et de la propriété libre. C’est la sociale démocratie souriante, dans le respect de l’homme et du labeur.
… des luttes, de l’élevage, des monuments, de l’Art :
Le Limousin c’est un musée dans la nature éclairé par la nature.
… et bien évidemment de la porcelaine :
Et ma mémé qui avait subi les canons de la der des ders en plus des canons de l'Eglise, qui avait eu le croup et les écrouelles flamandes, sans murmurer et sans frémir de l'oreille, avait soudain tremblé d'émotion devant un objet sur l'étal d'un brocanteur : « C'est combien l'assiette ? » Et elle avait laissé trente sous, m'avait décollé du sol et on avait filé comme si les Allemands revenaient. Plus loin elle m'avait dit, avec des airs de Mata-Hari en tablier : « C'est du Limoges. Lis son cul, c'est du Limoges. » On lui aurait vendu le Régent comme bouchon de carafe qu'elle n'aurait pas été plus émue.

Nous apprenons beaucoup au fil des pages, avec l’humour et l’émotion de la plume de Bernard Pouchèle qui croise les photos où les contrastes du noir et blanc, la végétation, les pierres, les visages nous livrent les multiples facettes d’une région sauvage et accueillante.

Brigitte Aubonnet 
(19/04/07)    



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Format 225 x 300 mm
160 pages, 20 €


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