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Hervé LE TELLIER

Eléctrico W


Eléctrico W est une ligne de tramway de Lisbonne : "L'Eléctrico W, c'est le tramway-funiculaire jaune et blanc qui emporte chaque matin - sauf le dimanche et les jours fériés - sa cargaison de ménagères et d'employés. Une antiquité, c'est vrai, mais par tous les temps, il les charrie sans faille du vieux quartier du Bairro Alto jusqu'aux encombrements enfumés de Baixa."

Eléctrico W est un moyen de transport qui permet de se déplacer comme se déplace Vincent Balmer au cœur de Lisbonne et au fil de sa vie. Il se cherche, il écrit des articles pour un journal et traduit les textes de Jaime Montestrela, Contos Aquosos. Il retrouve, à Lisbonne, Antonio Flores, photographe de guerre avec qui il a partagé déjà d'autres reportages, car ils vont suivre tous les deux le procès d'un tueur en série. Antonio vient de se réinstaller à Lisbonne, ville de son enfance. Il va confier à Vincent l'histoire d'un amour d'adolescents né à côté du tramway. Antonio avait onze ans quand il a rencontré Canard, une fillette de sept ou huit ans. Ils se sont revus, et plus tard une relation amoureuse les unira mais ne pourra aboutir en raison de l'opposition de la famille de Canard…

Vincent a quelques soucis avec sa vie sentimentale. Il est amoureux d'Irène qui est méprisante avec lui : "Irène dont le souvenir me terrifie parce qu'il est partout en moi, prêt à surgir à chaque instant de solitude, alors qu'il n'est que regret." Il apprend qu'elle doit les rejoindre car elle a une aventure avec Antonio. Tout un jeu de vérités et de mensonges s'établit entre les personnages.

La relation entre les deux hommes évolue au fil des neufs jours du roman car Vincent, qui a du mal à mener sa propre vie amoureuse, va s'immiscer dans celle d'Antonio en partant à la recherche de Canard…

Le roman explore l'intime des êtres tout en parlant des problèmes du monde, de la guerre, de la pauvreté, de la lâcheté, de la Shoah, de la mort des parents et des relations familiales… Les souvenirs se mêlent au présent pour constituer l'architecture de chacun.
L'écriture d'Hervé Le Tellier allie gravité et humour. Les références littéraires, picturales, cinématographiques et musicales ponctuent le roman. Vincent évoque de nombreux écrivains qui font partie de son univers : "Oui, par fétichisme, superstition ou sottise, j'écrivais sur les mêmes cahiers que Romain Gary sans arriver à aligner plus que quelques mots." Fernando Pessoa, l'écrivain aux multiples facettes, est évoqué. Vincent est aussi bouleversé en apprenant la mort d'Italo Calvino décédé en septembre 1985 et qui a joué un rôle important pour lui. La littérature est un élément essentiel qui nous mène vers différentes pistes. Tout un passage sans ponctuation nous fait penser au roman d'Albert Cohen, Belle du Seigneur.
Chaque chapitre commence par un prénom ou un nom ce qui peut marquer la quête d'identité et d'affirmation de la personnalité, en filigrane du roman : Qui est qui ? Qui est-on vraiment ?

Membre de l'Oulipo, Hervé Le Tellier joue avec les mots et les constructions pour produire un roman où son approche personnelle donne vie à des personnages très attachants en quête d'eux-mêmes mais toujours ouverts aux autres et au monde qui les entoure.

Brigitte Aubonnet 
(05/09/11)    



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Lectures










Éditions JC Lattès

288 pages – 18 €





Hervé Le Tellier
sur le site de l'OULIPO :
www.oulipo.net/
oulipiens/HLT







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