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Jean-Luc LE POGAM


Les Mange-Rêve (volumes 3 & 4)

Tombmor


Après Le Grand Dérèglement et La route du Nord, voici Tombmor, le troisième volet des Mange-Rêve. Ses 576 pages sont réparties en deux volumes qui paraissent en même temps.

Nous sommes toujours en 2024, dans une Bretagne transformée en banquise par le Grand Dérèglement météorologique institué par l’infâme Bogdich, le nouveau maître de l’Europe, qui extermine toute trace de culture et de liberté d’expression.
Nous retrouvons les cinq personnages que nous suivons depuis le début de cette saga. Les trois adolescents – Irwan, le narrateur, Mélanie (dont il est amoureux) et Thibault, leur copain – sont accompagnés par deux adultes, baroudeurs confirmés et anciens membres des secrets : Yvon le grand-père d’Irwan et Jack son compagnon d’aventures. Sans oublier Snow, le labrador, qui fait partie de l’expédition.
Les parents d’Irwan, comme ceux de Thibault ont été enlevés par la police en raison de leurs activités professionnelles et culturelles (journalisme, photographie) et conduits vers la grande prison du Nord, Tombmor.
Cette sinistre forteresse est le but de nos cinq héros à bord de leur cataski, un catamaran adapté à la neige et à la glace, qui file à grande vitesse poursuivi par les BMR (Brigade des Mangeurs de Rêve) sur leurs motoneiges.

Malgré les nombreux incidents qui ont émaillé les deux premiers volumes, ils sont toujours en route et les obstacles ne vont pas manquer dans ce troisième volet.
Mais les obstacles ne sont pas toujours des catastrophes. Dans une traversée de ville, ils sont obligés de s’arrêter pour ne pas s’écraser contre des câbles d’acier tendus en travers de la rue. Très inquiets au début, ils se rendent compte que ce sont des opposants au régime qui ont placé ces câbles et ils découvrent une cité où les jeunes se sont révoltés contre le projet de Bogdich. Laïd, Nihahsah, Kimia, Gaone, Kahima, Vlad sont des adolescents ou de jeunes adultes résistants qui ont fondé Taÿfa (clan dissident en berbère), un lieu de lutte et de création artistique.

– Tu vois, on s'est tous donné rendez-vous ici ! Ici, on s'en fout de la couleur de ta peau, et, si tu en as une, on se fout autant de ta religion que de la teinte de tes cheveux ! Pareil si tu es athée... Ça t'en bouche un coin, hein ! me lance-t-il en posant sa main sur mon épaule.
Mes yeux éberlués le font sourire.
– J'y crois pas ! Votre Taÿfa, c'est le paradis au milieu de l'enfer !
– Même si c'est nous qui l'avons bâti tel que tu le vois, c'est pas Notre Taÿfa, mec. C'est aussi le vôtre si vous voulez rester !
– Mais, tu ne sais même pas qui on est !
– Il en arrive tous les jours et de partout. À tous on explique que Taÿfa n'est pas un hasard perdu au milieu de l'enfer, comme tu dis. Parmi tous ceux qui te serrent la main ce soir, il y avait aussi des jeunes qui étaient sur la mauvaise pente mais on ne leur a pas laissé le choix. C'était arrêter leurs conneries et se joindre à nous, accepter d'avoir des droits mais aussi des devoirs, ou quitter le bled.


La tentation est grande de s’installer parmi cette jeunesse si courageuse et accueillante mais leur but est ailleurs, plus loin vers le Nord, et nos héros poursuivent leur route, toujours semée d’embûches, au risque de leur vie.

Dans ce volume, Jean-Luc Le Pogam en profite pour rappeler comment le système totalitaire de Bogdich a pu s’installer grâce à l’individualisme des générations précédentes (la nôtre, notamment) avec le développement, par exemple, des consoles de jeux qui ont isolé chacun dans son monde virtuel. Des décennies de déshumanisation pour construire cette société de la peur où tout partage est interdit, où toute culture est niée, comme l’avait prédit George Orwell. Personne ne l’a écouté…

Mais tout en mettant en garde contre ce qui isole et divise, l’auteur manifeste un grand optimisme et une profonde confiance en la jeunesse qui toujours résistera, se révoltera et fera renaître la vie comme les herbes sauvages malgré le béton. Un véritable message d’espoir, à condition de ne jamais baisser les bras.

Ce troisième volet marque la fin du premier cycle mais l’aventure n’est pas terminée.
Les adolescents retrouveront-ils leurs parents au terme de ce long et périlleux parcours initiatique ? On attend déjà la suite…

Serge Cabrol 
(03/05/10)    



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Jeunesse












Editions du Palémon

Chaque volume
288 pages - 8 €

(à partir de 11 ans)



Vous pouvez lire sur notre site les articles consacrés aux précédents volumes des Mange-Rêve :


Le Grand Dérèglement



La Route du Nord




Les Mange-Rêve
ont leur site
sur Myspace :

www.myspace. com/mangereve