François HUGLO

Serge Wellens


C’est avec plaisir que je viens chroniquer un livre sur l’écriture de Serge Wellens qui, pour moi, est un poète important. Né d’un père qui exerçait le métier d’homme aquarium – en habit de soirée, armé d’une minuscule épuisette, il pêchait et avalait de nombreux poissons rouges, vidait une trentaine de chopes de whisky, et soudain agacé par la musique, entamait d’un grand coup de dents le disque qui tournait sur le phonographe, enfin, après avoir bu d’un trait un grand verre de pétrole, il crachait, au lieu du feu attendu, les poissons qui réapparaissaient dans l’épuisette, puis dans l’aquarium – et d’une mère (Miss Diana) qui jouait de la mandoline ou de l’éventail à sept mètres de hauteur, sur une chaise en équilibre dont les deux pieds arrière plantés dans des goulots de bouteilles tenaient sur une barre aplatie et légèrement creusée d’un « trapèza Washington » comme sur un fil de funambule. Tout cela ne s’invente pas. C’est de l’extraordinaire au quotidien.
François Huglo nous retrace le parcours de Serge Wellens, ses débuts dans l’écriture, ses rencontres et ses amitiés. Puis nous analyse sa poésie.
L’écriture de Serge Wellens est simple et forte à la fois, car toujours pertinente pour le lecteur :

C’est toujours derrière la porte
que le poème a lieu
et l’on ne sait jamais
qui de la porte ou de
celui qui l’interroge
est condamné

Ou encore ceci :

L’homme libre est libre d’être libre
entre les murs de sa prison

Comme on peut le lire, l’humour de Serge Wellens est puissant sans être trivial, il vient appuyer des questionnements importants.

Dans ce livre, on retrouve des écrits de poètes lecteurs de Serge Wellens : Jean Rousselot, Serge Brindeau, André Doms, Pierre Garnier, Pascal Commère et Monique W. Labidoire ; qui tous apportent leur regard sur l’écriture. S’en suit un florilège de la poésie de Serge Wellens couvrant la période de 1952 à 2006.
Un petit dernier pour vous donner envie de lire ce poète et découvrir qui il est :

Quand l’araignée sut qu’elle allait mourir, l’hiver
étant venu, elle invoqua le dieu des araignées.

« Seigneur, dit-elle, je vais paraître devant toi. Or, ce
qui m’attend ne m’inquiète guère. Je t’ai toujours servi avec
humilité. Tes ennemis furent les miens. Que les mouches
broyées en ton honneur me soient comptées… »

Et l’araignée mourut. Elle vit Dieu. C’était une
mouche.

Gilbert Desmée 
(19/05/08)    



Retour
sommaire
Poésie









Editions des Vanneaux
17 €



http://les.vanneaux.free.fr