Robin HOBB

Les Marches du trône
(Les Aventuriers de la mer, tome 9)





Avec ces Marches du trône s’achève le cycle des Aventuriers de la mer, qui comporte neuf volumes et compose, avec celui de L’Assassin Royal, une fresque romanesque grandiose située dans un univers fictif dont la diversité géographique et culturelle forme un ensemble complexe et cohérent. Si L’Assassin royal se déroule essentiellement dans le royaume des Six-Duchés, dont l’organisation est encore féodale, l’attention, dans Les Aventuriers de la mer, se concentre surtout sur Terrilville, cité dominée par une classe de riches Marchands dont la prospérité dépend du commerce maritime. Ces Marchands disposent de vivenefs, navires merveilleux doués, comme leur nom l’indique, d’intelligence, de sensibilité et de parole, parce que construits en bois-sorcier, matériau précieux produit par le mystérieux désert des Pluies. Mais quelle est la vraie nature du bois-sorcier ? Quel rapport entretient-il avec ces gigantesques serpents qui parcourent les mers en quête d’une mémoire perdue ? La réponse prend progressivement forme au fil des neuf romans, qui réservent au lecteur d’étonnantes révélations.

L’intrigue, extrêmement complexe, permet de suivre aussi bien les bouleversements politiques et sociaux qui affectent Terrilville et ses voisins que le destin de plusieurs personnages majeurs, qui, après de multiples péripéties, va se dénouer dans Les Marches du trône. Il y a Althéa Vestrit, garçon manqué, élevée en marin par son père, qui n’admet pas que lui échappe le commandement de la vivenef familiale et fera tout pour la récupérer ; Kennit, pirate charismatique, ambitieux et sans scrupule, qui veut se tailler un royaume et finira par y parvenir ; Hiémain et sa sœur Malta, neveu et nièce d’Althéa ; Reyn, Etta, Brashen, bien d’autres encore à qui le lecteur s’attache comme à des proches tant Robin Hobb, qui se montre en cela authentique romancière, a su leur donner une épaisseur humaine souvent absente des œuvres de fantasy. Loin de tout monolithisme, ils évoluent au fil du temps et des circonstances comme le fait Malta, qui apparaît au départ comme une adolescente narcissique et insupportable, mais qui se révèle, face à l’adversité, une jeune femme d’un courage et d’une intelligence remarquables, ainsi qu’une négociatrice exceptionnelle ; de même, son frère Hiémain, garçon contemplatif et voué à la prêtrise, découvre au contact de Kennit sa vocation de marin aventureux avant de prendre lui-même le commandement d’un vaisseau.

Le lien entre les deux cycles romanesques est incarné par Ambre, personnage androgyne qui, dans L’Assassin royal, apparaît sous l’identité du Fou et de sire Doré. Son but est de faire revivre les dragons, dont l’ombre majestueuse plane sur l’ensemble de l’œuvre. Ces créatures d’une beauté éblouissante, dont les écailles étincellent comme des gemmes et dont la puissance, la taille, la longévité et les facultés psychiques dépassent de beaucoup la mesure humaine, ont autrefois partagé la terre avec les Anciens dont elles étaient vénérées, avant qu’un cataclysme ne cause leur extinction. Si Ambre, alias le Fou, alias sire Doré veut les voir réapparaître, c’est parce qu’ils sont les seuls à pouvoir faire pièce à l’outrecuidance de l’Homme, en l’empêchant d’exercer sur la nature une emprise illimitée.

Les Marches du trône sont, à cette ambitieuse composition romanesque, comme la touche finale qui éclaire l’ensemble du tableau. Le livre permet de mesurer dans toute son ampleur un talent qui ne se dément jamais au fil des vingt-deux romans qui la composent.

Sylvie Huguet 
(30/12/07)    



Retour
Sommaire
Lectures









Editions Pygmalion

332 pages - 21,50 €


Traduit de l'anglais
par Véronique
David-Marescot






Robin Hobb, de son vrai nom Margaret Astrid Lindholm Ogden, est née le 5 mars 1952 en Californie. Un article lui est consacré sur Wikipédia.





Vous pouvez lire
sur notre site
des articles concernant
d'autres titres
du même auteur :

La citadelle des ombres

La déchirure

Le cavalier rêveur