Jean-Paul GUEDJ

Tout et rien
Suivi de
Paris est tout petit et L’ordre du symbolique


Jean-Paul Guedj est peut-être plus connu par certains comme un consultant en management et communication et pour les nombreux ouvrages qui se rapportent à son expertise. Mais, ce n’est pas pour cela que je viens vous parler de cet auteur, mais bien pour un recueil de poésie qui fait suite à un précédent : Çà et là, paru chez le même éditeur.

Tout et rien nous présente comme des regards portés sur l’être humain qui est notre contemporain, notre voisin ou bien nous-mêmes. Certains portent des noms : Les sans-amours, Les mangoustes ; dans d’autres cas se sont, nous sommes en présence de petites scénettes : Chez le coiffeur, Pour la Bar-mitsva d’Oriel, Au café de la Digue, etc. D’autres sont des chansons, d’autres encore sont des aphorismes. Le tout dit sur un ton faussement léger. Cette légèreté est renforcée par des jeux avec les mots, mais qui n’enlèvent pas à la profondeur du propos.
Les yeux de verre dans une beauté de cire
Elle a le goût de l’harmonie
Petite elle se mutilait le second membre pour qu’il ressemblât au premier
Elle aime tant les loups qu’un jour l’un d’entre eux lui dévora la main

Cette partie commence par :
Ce n’est pas qu’il n’a plus rien à dire, c’est qu’on ne le laisse plus parler.

Qui vient résonner bien des pages plus loin par :
Je me tais puisqu’ils parlent.

Plus loin encore :
- Tu as un mot à dire ?
- J’ai faim !
- Il y a toutes sortes de faims !

Cette poésie fait sourire par cette fausse légèreté qui imprime le propos, ce qui permet de dire de l’horreur sans se départir d’un certain humour : Il l’ex-aima…

Dans Paris est tout petit, nous pénétrons dans le Paris de Jean-Paul Guedj, ainsi son regard sur les Tombes à Montparnasse :
Leurs tombes leur ressemblent
Baudelaire est toujours dans les mains d’Aupick
Et les fleurs du mal sont gaies
Beckett derrière un arbre est seul
Sur la tombe de Desnos
Quelqu’un a posé des petits graviers qui forment
son nom
Sartre et Beauvoir se sont enfin mariés
Dreyfus reste digne
Kessel est un lion
Reggiani avec sont fils chantent en italien
Gainsbourg se moque de tout le monde en grimaçant

C’est à la fois un Paris authentique et personnel où chacun peut quand même s’y retrouver. Jean-Paul Guedj sait créer des images qui entraînent de l’empathie pour elles.

Avec L’ordre du symbolique, nous passons à une autre facette de Jean-Paul Guedj : une pièce de théâtre qui fut joué, en octobre 2008, au Théâtre de Nesle, à Paris, mise en scène par Hervé Dubourjal. Cette pièce est un monologue en cinq actes, accompagné d’un musicien (violon, chant et luth). Le thème de ce monologue est le rapport d’un fils adulte à son père, devenant lui-même père à la mort du sien. Pour vous donner une idée de la tonalité de ce monologue, en voici un extrait :
Tu fus le Moïse de la famille
Notre Moïse
Et aussi notre Geronimo
Un Geronimo particulier
Imagine la combinaison :

Œil de buffle Cohen
Cochise Lévy
Geronimo Zerbib

Divertissement :
Qu’est-ce qu’un père juif ?
C’est une mère normale !

Merci à Jean-Paul Guedj de nous faire constamment sourire sur des choses aussi profondes, si ancrées en soi, qu’il faut savoir se décentrer pour aborder cela avec cette fausse légèreté.

Gilbert Desmée 
(27/01/09)    



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Poésie












Editions de Janus
Fiction & Témoignage
170 pages - 15 €