Denis GROZDANOVITCH

La faculté des choses



Surprenante impression à la lecture de ce recueil, l’ayant refermé je restai songeur puis, m’est revenue en tête la préface de Francis Dannemark. La fin de sa préface, surtout : Il y a quelque chose d’intemporel dans La faculté des choses, et le sourire un peu gêné de celui qui a découvert que le bonheur ne prend jamais de majuscule et qu’il se cache volontiers dans les instants les moins spectaculaires de notre vie. Oui, il s’agit bien de cela. Je n’osai en convenir, mais cette surprenante impression qui m’avait laissé à rêver venait du fait d’avoir lu des instants de bonheur. Nous ne sommes pas dans la béatitude mais avec un regard qui ne dénigre pas ces petits instants. Il s’agit bien d’un changement de regard sur les évènements. Pour vous faire comprendre de quoi je parle, voici un extrait du premier poème qui a pour titre, le titre du recueil :

J’essayais d’avoir vingt ans           de percer
un mince voile d’irréalité brouillant toute perception.
À cet instant          (je m’en souviens avec précision)
me revinrent les paroles prononcées à l’université
par le pâle professeur aux yeux gris
au regard incertain timide
                     derrière d’épais verres de myopie.
La beauté          avait-il murmuré           c’est peut-être
la faculté qu’ont les choses
                                                                   d’être là !


Dans une écriture qui coule à la lecture, provoquant l’impression d’un récit qui se développe, sans jamais perdre la pertinence des ruptures nécessaires qui indiquent que nous sommes bien en présence de poésie, Denis Grozdanovitch nous invite à ne pas se préoccuper de modernité, mais plutôt de s’attacher à ce qui dure pour mieux regarder. Dans un petit texte de présentation, le poète nous avertit :
Ces textes sont rédigés dans une manière un peu abrupte qui, à vrai dire, se voudrait apoétique et aphlogistique (selon le Littré : qui brûle sans flamme)… Qu’y a-t-il de plus catastrophique, en effet, au fond des mines de l’immanence poétique, que le soudain coup de grisou déclenché par la flamme de l’emphase ?
Dans un esprit similaire, un ancien proverbe taoïste nous avertit : « Qui veut briller n’éclaire pas ».

Dont acte… Pourtant, je le redis, nous sommes bien en présence de poésie. Une poésie qui éclaire sur la notion de bonheur et qui jamais ne cherche à éblouir de virtuosité.

Gilbert Desmée 
(21/07/08)    



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