Didier GOUPIL, La lettre à Anna



Des fragments pour dire le bonheur et l’horreur. Le bonheur de l’amour. L’horreur de la guerre.
Après Femme du monde qui présentait Madame, née en 1900, une femme qui a traversé le XXe siècle et ses évènements dramatiques avec la guerre et la déportation, La lettre à Anna met en scène Samuel, un jeune violoniste dont la vie va elle aussi être complètement bouleversée par la guerre et la déportation.
Son amour pour la musique et pour Anna s’exprime au début du roman en des fragments longs où les mots s’épanouissent avec toute la jouissance du plaisir.
Peu à peu, la guerre, la séparation, les camps, le froid, la faim, le manque d’amour atrophient la vie de Samuel qui ne connaît plus que l’instinct de survie : « C’est dans son étui qu’il aurait voulu se cacher. Il n’avait plus d’autre endroit sur terre que l’étui de son violon. »
Les mots s’effacent, les fragments raccourcissent, comme si l’horreur n’avait pas de mots assez forts pour s’exprimer. Le blanc de la page symbolise le vide d’Anna dans la vie de Samuel, l’indicible du désespoir. Seul le souvenir de l’être aimé ne peut être tué.
Un superbe texte où l’écriture épurée donne toute sa force pour parler de l’humain dans sa magnificence et dans son abjection : « Désormais, c’étaient des notes... sol… ré… la… mi… qui tatouaient sa peau. »

Brigitte Aubonnet 



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Editions Fayard, 2005
224 pages, 15 €


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