Comme de nombreux grands personnages de la littérature, Sherlock Holmes ne cesse d'inspirer de nouveaux auteurs chaque année. Ce n'est pas à sa résurrection qu'on assiste aujourd'hui (Conan Doyle l'avait déjà ressuscité en 1903), mais à son ultime enquête dont seul son testament révèle le dénouement.
Bob Garcia (qui, l'année dernière, a réuni Eliot Ness et Al Capone dans un premier roman, L'Ipotrak noir, chez E-dite), nous convie aujourd'hui à l'ouverture du testament de Sherlock Holmes.
Chez le notaire, maître William Holborne, nous retrouvons le docteur Watson, l'inspecteur Lestrade, de Scotland Yard, et Mycroft Holmes, le frère de Sherlock.
Le testament est en fait le manuscrit écrit par le Dr Watson relatant la dernière aventure du détective, manuscrit que ce dernier a voulu récupérer avant de s'éloigner pour terminer seul son enquête.
Il faut dire que Sherlock Holmes s'est sérieusement ruiné la santé en utilisant plus souvent sa seringue que sa pipe et l'affaire qui le préoccupe est très complexe. Londres (un Londres bien noir et bien glauque, avec brouillard, tempête et promenades de nuit dans les quartiers les plus sordides) est le théâtre d'une série de crimes épouvantables. Les victimes meurent dans d'affreuses souffrances et leurs proches sont immédiatement suspectés par Lestrade (qui ne croit pas à l'idée du tueur en série), arrêtés, jugés et, pour la plupart, exécutés. Et les crimes continuent, plus effroyables les uns que les autres….
La lecture du manuscrit par le notaire dure vingt-quatre heures, un huis-clos pour les quatre protagonistes interrompu seulement par les repas.
Bob Garcia ne lésine pas sur le morbide et en rajoute même une petite couche dans les rêves du Dr Watson pour compléter l'horreur de l'enquête. Ces crimes sont-ils la vengeance d'un fou, ivre de douleur ? L'œuvre du diable ou d'une secte satanique ? Les exercices de style d'un illusionniste, d'un médium ou d'un éditeur de littérature fantastique en mal de succès ? Toutes les hypothèse se succèdent et se chevauchent dans une sarabande infernale.
Seules les dernières pages donneront la clé de l'énigme.
Le roman est épais et dense, le rythme de l'écriture ne laisse aucun temps mort. Si le lecteur ne se laisse pas offusquer par les aspects morbides de l'enquête, la lecture est une passionnante plongée dans le Londres de la fin du XIXe siècle avec fiacres et cannes à pommeau et un vagabondage effréné sur les traces du Dr Watson et de Sherlock Holmes qui ne cessent de parcourir la ville dans tous les sens pour tenter de démasquer l'insaisissable meurtrier.
Pour ceux qui ont dévoré toutes les aventures de Sherlock Holmes et sont en manque de sensations, voilà une providentielle piqûre de rappel. Mais attention, le contenu de la seringue n'est pas sans danger pour les âmes sensibles…

Serge Cabrol