Un bandeau rouge ceint le livre, avec l’inscription « Roman-Haïku », et c’est bien un roman au long cours que nous a offert Claire Fourier au fil de ces quatre saisons poétiques qui se closent par le printemps. On reconnaît là le caractère optimiste et sensuel de l’auteur et sa joie de vivre si communicative.

Dans Jours écrits en hiver, notre poétesse guettait le printemps avec avidité. Nous y sommes ! Et tout le recueil se caractérise par un érotisme joyeux, tempéré toutefois par une solitude qui semble choisie mais qui n’en est pas moins pesante parfois :

Un archet plaintif
gratte ma page ou ma vulve
ce n’est que mon doigt.

Et le haïku devient personnage, compagnon obsédant ou substitut d’amant :

Rythme du haïku
il s’accroche à mon souci
telle une sangsue

Toujours à fleur de vers, le temps qui passe, non pas celui du calendrier mais la crainte du vieillissement :

Ah quand j’étais jeune
un jour sans y prendre garde
voilà qu’on dit ça

C’est toutefois bien d’une valse libertine qu’il s’agit et la mélancolie cède la place à une plume virevoltante, coquine et ludique, à la renaissance des êtres et des choses. Des pluies d’avril au solstice de juin, le jardin de curé n’est qu’envolées heureuses et couleurs douces sous la musique du haïku.

Haïku de printemps
semés à toute volée
me font les pouces verts

Patricia Châtel 
(18/09/09)