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Un petit-fils assiste à la fin de vie de son grand-père qui attend la mort après avoir glissé sur une savonnette. Il est gardien de nuit dans un hôtel pour avoir le temps d'écrire : "J'allais apprendre plus tard qu'il ne faut pas chercher pour trouver ; tout le monde répète à longueur de temps cet adage absurde, et pourtant il est vrai. J'allais comprendre aussi, et de manière plus surprenante, qu'il en était de même pour le roman. Il ne fallait pas forcément courir après des idées, s'acharner sur des brouillons, c'était au roman de faire le premier pas. Il fallait simplement être dans de bonnes conditions pour le recevoir quand il frapperait à la porte de l'imagination. Les mots avançaient vers moi avec la grâce de leur invisibilité." Puis sa grand-mère est placée dans une maison de retraite. Beaucoup de passages abordent le rapport à la vieillesse et à la mort mais cela sans morbidité. On entre dans le roman qui étonnamment est agréable et captivant malgré la gravité du sujet. Le roman est ponctué de souvenirs de personnes de l'entourage du narrateur ainsi que de personnages célèbres dont on apprend des éléments étonnants de leur vie. On se surprend à revoir les photos de sa propre famille et l'on pénètre dans les méandres de ces vies où l'écriture de David Foenkinos nous charme par son inventivité. La mère du narrateur est professeur d'histoire, elle prend sa retraite
ce qui n'est pas simple car elle ne s'imagine pas toute la journée avec
son mari déjà à la retraite. Elle part donc en voyage avec
des copines pour son premier été. Le passage de la vie active
à la vie de retraitée n'est pas toujours aisé. Le narrateur est à la recherche de l'âme sur ce qui ouvre sur diverses approches de l'amour. Le hasard sera aussi de la partie. Beaucoup d'émotions émane des rencontres entre le petit-fils
et sa grand-mère dans la maison de retraite où ils peuvent rire
ensemble de la laideur d'un tableau représentant une vache ou lorsqu'à
l'hôpital il lit pour elle : "J'ai pensé que je devais
lui lire quelque chose. Peut-être m'entendait-elle. Je voulais lui lire
de la poésie. Du Aragon, du Éluard, du Nerval. Je voulais l'accompagner
par la poésie. Mais pas moyen de trouver le moindre recueil. Il y avait
une petite bibliothèque au bout du couloir, qui ressemblait davantage
à une déchetterie littéraire. Elle devait être remplie
de ces livres que les patients oublient, ou bien laissent derrière eux
avec soulagement. J'ai regardé tous les livres, et je ne voyais rien
qui pouvait m'être utile. Je n'allais quand même pas lui lire des
pages d'Agatha Christie ou un quelconque polar dont elle risquait de ne jamais
savoir le dénouement. Et puis, subitement, mon il a été
attiré par un petit guide de voyage. Ça s'appelait Un long
week-end à Rome." Le thème de la disparition est décliné sous divers angles.
Beaucoup de poésie, de délicatesse, de réflexion sur la
création, de suspense, de souvenirs sur la crise de 1929 ou la guerre
de 1939-1945, de souvenirs personnels et familiaux ainsi que des souvenirs de
personnalités comme Friedrich Nietzche, Francis Scott Fitzgerald, Serge
Gainsbourg, Marilyn Monroe, Vincent Van Gogh ou Yasunari Kawabata, de rencontres
inattendues et inespérées, de souvenirs de certaines personnes
que l'on croise et à qui parfois l'on ne prête pas attention comme
le caissier de nuit sur l'autoroute A13. Brigitte Aubonnet (29/08/11) |
Sommaire Lectures Gallimard 272 pages - 18,50 € Folio 304 pages - 8 €
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