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En quatrième de couverture, l’éditeur nous explique : « Corps Puce souhaite développer les collaborations avec les acteurs de la poésie sous toutes ses formes et la liaison entre l’édition de recueils et une revue nous est apparue tout à fait pertinente. Ce recueil est donc le fruit d’une carte blanche donnée à l’équipe éditoriale de la revue. Elle aurait pu s’appeler "Diablerie" ou "Passe Passe". Elle aura trouvé son équilibre sous la forme que voici. » Il y a réelle communauté d’écriture en ce recueil où, parfois, on s’étonne que cela donne un poème où les deux écritures s’épousent, pour cheminer vers un ailleurs inattendu. Je vous donne deux exemples. Le premier est une traduction d’un poème écrit par l’un que l’autre traduit en sa propre écriture : Peintre le peintre à chaque toile rend une dépouille sa colère en secret déchiquète le modèle il ne se peut qu’avide suceur de l’autre sous l’épingle il peindra ce soir avec ses cheveux gras et son sexe en bataille la bouche convulsée contre la toile son pleur aura la saveur de l’ellébore au creux sans fond des bras de l’aimée 30 août 2008 La traduction :
Le deuxième exemple est un poème qui s’écrit en quelque sorte à deux, comme un essai de traduction unilingue à l’infini… Dans la carlingue de l’avion, un maître chien rythme d’un pied rageur les vibrations de la tôle déchirée. « Ce n’est qu’un au revoir mes frères », chantent à tue-tête les passagers ivres. Et un ricanement communicatif derrière le hublot multiplie leurs grosses faces de légumes. Bardé d’explosifs un fils de Dieu jaillit en cachette ; sur le sol de la soute n’écoutant que son cœur il se fera loque de chair. À l’horizon maintenant l’appareil tout luisant de lumière regarde le levant. Le pilote d’une main sûre incline la trajectoire. Une détonation : l’habitacle s’enflamme Les gorges s’étranglent ; l’une plus haute hurle en butte à cent bouches vindicatives Les vitres crèvent sous la poussée délirante du néant dans l’avion. octobre 2006 Il y a de réelles surprises à découvrir dans ce travail à deux qui fait ce recueil. Le fait que les deux écrivains aient une écriture bien affirmée y est pour quelque chose car il n’est pas évident que ce genre de travail soit compatible avec une œuvre. Ici c’est pourtant le cas. On peut y trouver son plaisir à lire ces travaux qui fonctionnent bien et sont de belles réalisations. Je vous invite à y promener votre regard de lecteur, vous y trouverez votre place de lecteur et goûterez ces poésies. À noter que les photographies qui accompagnent les œuvres sont de Tristan Félix. Gilbert Desmée |
sommaire Poésie Editions Corps Puce Liberté sur Parole 112 pages - 11 € Editions Corps Puce 27 rue d’Antibes 80090 Amiens |
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