Collection
exquis d'écrivains

(NIL éditions)

Claude PUJADE-RENAUD, Sous les mets les mots

Des métissages, des recettes, du langage, des couleurs, des épices, des arômes, des mots qui se dégustent telles des friandises, voilà ce que nous propose Claude Pujade-Renaud avec quelques gouttes d’alcool et de douceur dans Sous les mets les mots.
Dans cette collection, où sont déclinés des mots-clés dans de courts textes, nous retrouvons avec délectation, l’écriture de cette écrivaine que nous avons déjà croisée : « Les mets comme les mots vagabondent, se sédentarisent, empruntent et essaiment. Nomades poreux aux métamorphoses. »
Nous humons, admirons et dégustons, nous partageons les moments d’échanges que sont les repas et la préparation d’un plat. Les plaisirs culinaires, littéraires et sensuels se rejoignent : « Le langage de l’œnologie me paraît tout à la fois ésotérique et érotique : les préliminaires, nez et robe ; l’acte voluptueux, le passage en bouche, toujours trop rapide et qu’il faut apprendre à prolonger, comme au lit ; l’après, où s’entremêlent plaisirs des yeux, du parfum, du gosier, et cette chaleur intérieure qui couve et monte doucement, cocktail d’excitation et d’apaisement ».
Nous découvrons les souvenirs d’enfance, la relation de la mère à la nourriture, l’humour dans les excès liés aux régimes, le clin d’œil à Alexandre Dumas et à ses recettes "Farce", nous découvrons des légendes… Un vagabondage qui enrichit et met l’eau à la bouche.




Chantal PELLETIER, Voyages en gourmandise

Nous poursuivons avec Voyages en gourmandise où Chantal Pelletier nous dévoile des senteurs et des goûts du monde entier : « Mon goût pour les bonnes choses est comme moi. Il aime voyager. »
Du mot "béchamel" à la consonance exotique au pain cuit dans le sable du désert,
« Alain tape avec son bâton sur le four de sable. Le bruit produit ne lui convient pas encore. C’est la pause. Nous parlons peu. Les arômes du ragoût en train de cuire nous picotent l’estomac. Le deuxième thé est plus clair plus doux. »
nous voyageons de villes en lagons, de poissons en papayes, de repas assis à une table à des repas assis en tailleur sur le sol, nous apprenons à reconnaître un vin à l’aveugle, à lier nourriture et érotisme…



Martin WINCKLER, A ma bouche

Martin Winckler nous révèle ses secrets de bouche : « Aussi loin qu’il m’en souvienne, j’ai toujours aimé manger. »
Là aussi, le lien aux parents, à la mère est fort. L'auteur nous parle de Nelly, sa mère, qui aurait voulu écrire un roman et décide un jour de transcrire toutes ses recettes pour ses enfants.
Martin Winckler nous donne envie de manger une omelette et, grand ravissement, il nous déculpabilise : « On ne peut pas soigner en opprimant, en terrorisant ou en culpabilisant. »
Il ne supporte pas la guerre contre les fumeurs, la culpabilisation des obèses et l’hypocrisie : « Mais la chose que je déteste le plus au monde, c'est la culpabilisation et le terrorisme proprement diaboliques auxquels on soumet la population au sujet du cholestérol. Cette substance indispensable à la vie focalise sur elle tous les péchés du monde en un seul, le péché de gourmandise, ce qui est proprement indécent. Alors même qu'un quart de la population de la planète meurt de faim et que la moitié n'a accès qu'au minimum vital, les dealers de drogues légales qu'on nomme pudiquement en France les entreprises du médicament font croire au quart restant que leur problème est d'avoir un cholestérol trop élevé (alors que le vrai problème réside indubitablement dans le fait de manger trop)... et les incite à avaler, en plus, des substances destinées officiellement à faire baisser ce cholestérol, mais en réalité à sur-gonfler les comptes en banque obèses d'actionnaires au cœur sec. »
« Je refuse d’assimiler la nourriture à un péché », voilà une belle devise dans une société où le contrôle, la culpabilisation, l’hypocrisie sont omniprésents.


Brigitte Aubonnet 
(23/03/07)    



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120 pages - 12 €