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Hilaire DOVONON

La floraison des baobabs


     C’est au cœur d’une Afrique fabuleuse que s’enracine La Floraison des baobabs. Plutôt contes que nouvelles, les récits que rassemble ce recueil associent familièrement quotidien et merveilleux. La plupart d’entre eux ont pour cadre un village composé de cases où chacun se livre à des activités traditionnelles : les enfants vont à la chasse aux rats sauvages qu’ils transformeront en savoureuses brochettes, les jeunes filles descendent puiser l’eau à la source, une calebasse en équilibre sur la tête, les griots-sculpteurs « taillent le regard des dieux mâles et polissent le sourire femelle des divinités de vie ». Mais le surnaturel est partout présent : les fantômes partagent l’existence des vivants, fondent une famille, engendrent des enfants, et se volatilisent lorsque leur secret est découvert. Les statuettes sont animées d’une vie magique, comme celle que porte toujours sur lui l’enfant du Masque, incarnation de sa sœur jumelle morte à la naissance, sa « sœur de bois, celle qui poussait à la racine de son nombril. », ou celle que chérit le héros du Vieil Homme et la Statuette d’ébène, et dont le destin se révèle mystérieusement lié à celui d’une porteuse d’eau tout à fait réelle.

     L’animisme traditionnel imprègne la plupart de ces contes, qu’il plonge dans une atmosphère envoûtante. Plantes et animaux abritent des esprits divins. Sorciers et Fétiches sont des figures familières, qu’elles soient redoutables ou bénéfiques, et parfois les deux ensemble, comme « Dan, le Serpent-Fétiche, le Serpent-Fleuve », sous le signe duquel est né un jeune garçon qui doit s’acquitter envers lui de la promesse faite autrefois par sa mère. L’offrande accomplie, conte le narrateur enfin libéré, « c’était comme si un long python me sortait du ventre, à la source de mon nombril, comme si, tout d’un coup, un énorme python-cordon ombilical me poussait sur le ventre, s’y dressait et y dansait en se tordant de bonheur. » Certaines nouvelles, comme Le Masque, évoquent de façon précise les rituels d’initiation, au cours desquels les enfants dorment « au milieu des divinités (…) sous le toit et le souffle de Toxuio, le fétiche protecteur de la famille. »

     C’est une écriture très originale qui est au service de cette atmosphère où naturel et surnaturel coexistent étroitement. Lyrique, parfois incantatoire, elle use volontiers d’exclamations, de répétitions voulues, et surtout de métaphores souvent d’une grande poésie. La nuit se fait alors magique, comme celle du Mystérieux Petit Garçon des marais, nuit qui « avait jeté sur le vent un frémissant filet de lucioles ensoleillées  », ou celle du Fétiche du vent : « Sur les feuillage. pleuvaient les rosées glacées des nuits pâles et le lourd mystère des nuits d’envoûtement. » Ailleurs, l’auteur évoque la simplicité et la noblesse d’une scène quotidienne du village : «  C’était aux heures larges et lentes où, balançant aux vents leurs hanches d’onde, les porteuses d’eau remontent les pentes sinueuses des collines. »

     Grâce à ce style chatoyant à travers lequel s’impose tout un imaginaire, La Floraison des baobabs réserve de superbes découvertes à ses lecteurs.

Sylvie Huguet 
(02/01/07)    



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D'un noir si bleu

270 pages - 17 €





Nouvelle édition
Mars 2011