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Frank DE BONDT


Le bureau vide



« Ils ne m’auront pas. Une nuit on a déposé ma porte. Le matin, en arrivant, j’ai eu un moment d’hésitation avant d’entrer dans mon bureau. Je me suis penché pour vérifier que personne ne s’était approprié mon coin ou que la Maison n’était pas en train d’y installer un salon de massage pour les employés surmenés. Ou une chapelle. Je me suis engagé avec méfiance. Ni ma chaise ni ma bouteille d’eau achetée la veille n’avait changé de place. »

Nous rentrons dans le vif du sujet dès les premières pages du roman. "Etre placardisé" devient une expression courante et c’est ce qui arrive à Marc Deleuze. Sa vie bascule un matin alors qu’il arrivait au travail comme les autres jours. C’est ce qui peut arriver à chacun d’entre nous. Rien n’est jamais acquis.

Etre déstabilisé et même démoli par le monde du travail devient aussi un moyen d’action des dirigeants qui cherchent la rentabilité maximum. Licencier quelqu’un coûte cher alors on le pousse à partir de lui-même en lui rendant la vie impossible dans l’entreprise.

Il y en a qui prennent cela dans son sens le plus strict et quittent l’entreprise et la vie, c’est ce qui arrive à Eric Léger, un collègue de Marc Deleuze.

Frank de Bondt nous embarque dans l’aventure d’un homme qui résiste seul face au monde de l’entreprise : « Un parasite. Voilà ce que je suis depuis que je me conduis en invité permanent de la Maison. Ils parient sur ma lassitude, mais ils ignorent que le parasite détient le secret du bonheur. »

L’humour grinçant parcourt ce roman et nous entrons en résistance avec Marc Deleuze qui refuse de se laisser faire, même si ce choix est rude à assumer.

Un excellent texte, court et fort, car il n’y a pas besoin d’une saga pour dénoncer la perversité des fonctionnements ou plutôt des dysfonctionnements actuels. Nous sommes confrontés aux problèmes quotidiens dans ce roman où Frank De Bondt crée un univers qui frôle le fantastique ce qui donne au texte une légèreté étonnante pour parler de sujets graves.

Brigitte Aubonnet 
(08/02/10)   



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Editions Buchet Chastel

120 pages - 13,50 €


Frank De Bondt, journaliste, a déjà publié plusieurs livres (dont Délivrez-nous des cadres chez JC Lattès).
Son précédent roman,
Un week-end avec Odile,
a paru chez Buchet-Chastel en 2004.