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Patricia CHÂTEL


La kermesse



Il suffit de peu de choses pour écrire une nouvelle : un souvenir, une silhouette croisée dans une boutique, une odeur de barbe à papa dans une fête foraine… C’est à partir de ces choix minimalistes que se déploient les nouvelles de Patricia Châtel. Economie de mots pour une émotion portée à son incandescence.

La nouvelle qui donne le titre à ce recueil – et qui renvoie en même temps à la diversité du livre – évoque le regard d’un enfant observant une fillette sans cheveux. On s’attend au pire. On se dit que, au paragraphe suivant, on va tomber dans le glauque… Eh bien, pas du tout ! Les enfants sont capables d’attention et même d’amour devant ce qu’ils ne comprennent pas. Autre texte : Les enfants grandissent, ou comment évoquer l’évolution d’un couple à travers un chat. Là encore, il serait facile de parler de la perte du désir avec force détails et, qui sait, de tuer le chat… ou la femme. La nouvelle, elle, s’achève sur cette phrase : « le petit matin sera paisible. » Au lecteur de tirer la conclusion qui s’impose. Bien sûr, on ne dévoilera pas toutes les autres nouvelles qui composent ce recueil, mais ce qui fait leur unité tient pour beaucoup au regard particulier que porte Patricia Châtel sur ses personnages : le ton n’est jamais moqueur, ni jamais complètement tragique ; il est fait d’empathie, sans verser non plus dans la pitié ou le misérabilisme…

En clair, et à l’exemple des haïkus qui composent la seconde partie de ce livre, on sent que Patricia Châtel est plus intéressée par ces instants d’être qui forment nos vies que par la vanité de chercher derrière nos vies éparses un sens qui toujours se dérobe.
N’ayons pas peur de le dire : ces haïkus sont magnifiques. Ils ont été vécus avant d’avoir été écrits. Car c’est cela un haïku : la trace fragile et imparfaite d’un moment éphémère. Bref, l’exact contraire du roman, fait pour s’inscrire dans la durée et la quête éperdue de sens.

Le livre s’achève sur trois chroniques parues dans Encres Vagabondes : deux, particulièrement ciblées sur la littérature fantastique ; une troisième évoquant sous la forme d’une interview fictive le destin de trois charmants bretteurs, d’Artagnan, Lagardère et le Capitaine Alatriste. Bref, le livre à peine refermé, nous partons vers de nouvelles lectures. C’est aussi ça écrire : donner l’envie de lire. Explorer de nouveaux territoires. Ouvrir ses yeux et son cœur. Patricia Châtel y réussit très bien. Encourageons-la à continuer !

Pascal Hérault 
(05/10/10)    

Pour visiter le blog de Pascal Hérault : http://pascalherault.blogspot.com



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Le bruit des autres
et
Encres vagabondes

136 pages – 13 €





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