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Andrea CAMILLERI

La piste de sable



Le charme des romans d'Andrea Camilleri tient autant à l'originalité de son écriture qu’à la personnalité du commissaire Montalbano, aussi perspicace enquêteur que fin gourmet.

Pour ce qui est de l'écriture, Serge Quadruppani, le traducteur, s'en explique dans un avertissement de quelques pages au début du livre où il présente les trois niveaux sur lesquels joue l'écriture de l'auteur. Les deux extrêmes, l'italien officiel et le dialecte pur, ne présentent pas de difficultés particulières.
La difficulté principale se présente au niveau intermédiaire, celui de l'italien sicilianisé, qui est à la fois celui du narrateur et de bon nombre de personnages. Il est truffé de termes qui ne sont pas du pur dialecte mais plutôt des régionalismes (pour citer deux exemples très fréquents, taliare pour guardare, regarder, spiare pour chiedere, demander).
Le résultat est une langue qui surprend un peu au début mais par laquelle on se laisse séduire au fil des pages :
Peut-être que l'affaire s'était passée comme ça : le cheval réussit à s'échapper et querqu'un le suit pour le finir. Mais il est contraint de s'arrêter passqu'il y a des pirsonnes sur la pilaja, peut-être le pêcheur matinal, qui peuvent devenir des témoins dangereux. Il retourne en arrière et avertit le chef. Celui-ci adécide que la carcasse doit absolument être récupérée. Et organise l'histoire de la charrette. Mais à un certain moment lui, Montalbano, s'aréveille et les emmerde.

Le personnage principal est le commissaire Montalbano, enquêteur récurrent d'Andrea Camilleri depuis une vingtaine de romans, célibataire endurci qui ne cesse de fondre au charme des femmes qui traversent ses enquêtes. Il y a la jeune Livia (rencontrée dans une précédente aventure, Un été ardent) qui lui téléphone régulièrement pour des conversations houleuses, Ingrid l’amie suédoise et, cette fois-ci, la belle Rachele.

Quant à l'intrigue, elle commence un matin, quand notre enquêteur se réveille et trouve sur la plage, juste devant chez lui, un cheval qui a été battu à mort mais a réussi à échapper à ses bourreaux pour terminer son agonie devant la maison du commissaire.
Le temps qu'il prévienne ses collègues et les services compétents, le cadavre disparaît. Qui a tué ce cheval ? Qui a eu intérêt à faire disparaître le cadavre ?

Quelques heures plus tard, une très jolie femme, Rachele Esterman, vient déclarer la disparition de son cheval qu'elle avait confié à Saverio Lotto, l'un des hommes les plus riches de l'île...

Pour les besoins de l'enquête et les beaux yeux de Rachele, le commissaire Montalbano sera même amené à assister à une course de chevaux, lui qui n'est pas très attiré en règle générale par les événements sportifs.

L'enquête va se révéler difficile et le commissaire sera confronté à des gens sans scrupules qui ne reculeront devant aucun moyen pour essayer de l'intimider, sans oublier la hiérarchie et l'administration que l'enquêteur ne tient pas en très haute estime.

Une écriture originale, un personnage attachant, une intrigue bien construite dans une région bien décrite, tous les ingrédients sont réunis pour de très agréables heures de lecture. Un plaisir à déguster sans modération, comme les crevettes, gambas, calamars, thon fumé, boulettes frites de neonato, oursins, moules et coques, rondelles de poulpe au sel, en sauce, anchois marinés dans le jus de citron, sardines à l'huile, minuscules calamars frits, petits calamars et supions assaisonnés à l'orange et au céleri, anchois roulés avec un câpre au milieu, sardines à la becfigue, carpaccio d'espadon… Bon appétit !

Serge Cabrol 
(13/01/11)    



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Noir & polar









Editions Fleuve Noir
240 pages - 19,90 €


Traduit de l'italien (Sicile)
par Serge Quadruppani






Andrea Camilleri

né en 1925 en Sicile, metteur en scène et écrivain, connaît un énorme succès, notamment grâce à ses romans mettant en scène le commissaire Montalbano. Ses livres sont entrés dans la prestigieuse collection des Meridiani, la « Pléiade » italienne.


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