Un triple assassinat, un déraillement meurtrier, une noyade, un enlèvement crapuleux, un suicide : voilà qui justifie le titre A quand les bonnes nouvelles ?, ces dernières se faisant particulièrement désirer. Kate Atkinson place au centre de ces événements une poignée de personnages qui, au départ, n’ont pas nécessairement de liens les uns avec les autres, mais que va rapprocher le tissu d’une intrigue menée avec brio. Il y a le Dr Joanna Hunter, qui cache sous un nouveau nom le drame qui a dévasté son enfance ; Reggie, l’adolescente qui travaille chez Joanna comme baby-sitter, et contre qui semble s’acharner un destin particulièrement sadique ; Louise Monroe, inspectrice divisionnaire au caractère emporté, qui étouffe auprès d’un mari amoureux, prévenant et désespérément normal ; Jackson Brodie, ancien détective lié à elle par une amitié amoureuse dont ils n’ont jamais assumé les conséquences.

Le roman s’attache à chacun d’entre eux, leur consacrant successivement des chapitres séparés qui s’ajoutent les uns aux autres pour former une sorte de patchwork, une structure éclatée dont l’unité profonde se révèle progressivement. Ce mode de narration permet un constant suspens, puisque le récit, le plus souvent, abandonne dans une situation critique des personnages que le lecteur ne retrouvera que quelques chapitres plus loin. Tout n’est d’ailleurs pas dénoué à la fin du roman : la relation entre Louise et Jackson, par exemple, demeure inaboutie et laisse espérer que tous deux se rencontreront à nouveau dans un prochain livre.

Le récit ne suit pas une progression linéaire : l’ordre chronologique est bouleversé, on découvre par bribes, au fil de leurs souvenirs, les expériences antérieures des héros, sans que la clarté de l’ensemble et la fluidité de la lecture en soient compromises. L’intérêt s’accroît du fait que les différents protagonistes ont un caractère fort et attachant, combattant le destin qui s’acharne contre eux avec courage et sans se complaire dans le pathos. L’auteur, d’ailleurs, traite l’atroce avec franchise, mais sans surenchère et sans se départir d’une sorte d’humour allègre, si bien que le roman garde une tonalité paradoxalement assez optimiste.

A quand les bonnes nouvelles ?, qui tient à la fois du roman policier et du roman psychologique, offre une lecture passionnante et attire l’admiration de l’amateur de littérature par la maîtrise et l’élégance avec lesquelles Kate Atkinson construit un univers très élaboré.

Sylvie Huguet 
(14/11/08)