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Becket
ou
L’honneur de Dieu



Une pièce de Jean Anouilh
(1959)

Un film de Peter Glenville
(1964)






Cinquante ans après la publication de la pièce, voici maintenant le DVD du film à notre disposition. Que voulait exprimer Jean Anouilh ? Quel était le projet de Peter Glenville ? Le scénario d'Edward Anhalt était-il fidèle au texte ? C'est à ces questions, entre autres, que répond la présentation de Sylvie Huguet...


Le livre

Avec L’Alouette et La foire d’empoigne, Becket compte au nombre de ce qu’Anouilh appelle ses « pièces costumées », composées de drames ou de comédies historiques. La pièce évoque en effet les rapports tourmentés de Thomas Becket et du roi Henri II Plantagenêt, qui aboutirent à l’assassinat du premier, à l’instigation du roi. Si la trame d’ensemble est fidèle à l’Histoire, l’auteur reconnaît ne s’être guère préoccupé du caractère réel des personnages qu’il a mis en scène : il a conçu le roi et le Becket dont il avait besoin en tant que dramaturge, allant jusqu’à donner au deuxième une origine saxonne, alors qu’il était normand.

La pièce commence au moment où le roi, à genoux devant le tombeau de Becket, s’apprête à faire pénitence et à recevoir le fouet pour expier le meurtre de son ancien ami, ceci dans l’espoir de se concilier les faveurs du peuple qui vénère celui-ci comme un héros et un saint. Le reste du drame est un long flash-back qui revient sur l’histoire des deux hommes, à l’époque où ils étaient étroitement liés.

Le jeune roi Henri II, descendant de Guillaume le Conquérant, s’appuie sur son aristocratie normande pour gouverner en opprimant les Saxons vaincus. Thomas Becket, lui-même d’origine saxonne, est à la fois son compagnon de plaisir, son conseiller politique et son ami le plus proche. Le roi, qui le comble de faveurs, le nomme chancelier d’Angleterre et lui confie le sceau royal, insigne de sa nouvelle charge. Becket s’en acquitte avec efficacité et dévouement, aidant en particulier le roi à lutter contre le pouvoir de l’Eglise, qui s’oppose trop souvent au sien et qu’incarne l’Archevêque de Cantorbéry. Aussi, à la mort de ce dernier, Henri croit-il avoir une idée de génie en faisant nommer Thomas à sa place. «  Si le Primat est mon homme ? Si l’Archevêque de Cantorbéry est pour le roi, en quoi peut me gêner son pouvoir ? » demande-t-il. Becket essaie de l’en dissuader : « Si je deviens Archevêque, je ne pourrai plus être votre ami. » En vain : le roi ne veut rien entendre. Une fois sacré Archevêque, Becket lui renvoie le sceau d’Angleterre accompagné d’un message où il explique qu’il veut désormais défendre « l’honneur de Dieu ». Atterré, profondément meurtri, Henri n’aura désormais de cesse qu’il ne l’abatte. La lutte entre les deux hommes est implacable : Becket brandit l’arme de l’excommunication contre les seigneurs normands qui, appuyés par le roi, entament les prérogatives de l’Eglise. Henri le fait comparaître devant sa justice pour prévarication. L’Archevêque se place alors sous la protection du Pape et demande asile au roi de France, qui lui permet de passer une longue période de retraite dans une abbaye située sur ses terres, retraite à l’issue de laquelle une tentative de conciliation a lieu. Les deux anciens amis se rencontrent alors pour la dernière fois, et le roi finit par accorder à Becket le droit de rentrer en Angleterre sans être inquiété, mais ne lui en refuse pas moins le baiser de paix. Quelque temps plus tard, au cours d’une scène violente, Henri, en proie à une crise nerveuse, s’écrie devant ses barons : « Personne ne me délivrera donc de lui ? Un prêtre ! Un prêtre qui me nargue et me fait injure ! Il n’y a donc que des lâches, comme moi, autour de moi ? Il n’y a donc plus un homme en Angleterre ? » Becket est assassiné peu après. Lorsque la pièce s’achève, le roi, pénitence faite, est acclamé par la foule saxonne. « L’honneur de Dieu, conclut-il, est une bonne chose, et on gagne, tout compte fait, à l’avoir de son côté. Thomas Becket – qui fut notre ami – le disait. L’Angleterre lui devra sa victoire finale sur le chaos et nous entendons qu’il soit désormais, dans ce royaume, prié et honoré comme un saint. »

Pièce dramatique, Becket n’en comporte pas moins des scènes burlesques. La bêtise épaisse des barons, les « combinazione » de la cour pontificale, sont prétexte à des échanges plaisants conçus pour provoquer le rire des spectateurs. Sur le fond, le pessimisme domine : la politique est une « cuisine » peu ragoûtante, les hommes sont menés par l’intérêt, la rancœur, le goût du lucre, le roi est entouré de barons brutaux et stupides et ses relations avec sa famille ne sont que haines recuites et frustrations ressassées : «  Je n’aime pas mes enfants, crie-t-il à sa femme. Quant à votre jeunesse, fleur desséchée dès vos douze ans, entre les pages d’un missel, au sang blanchâtre, au parfum fade, allez ! Quittez-la sans regret. (…) Votre ventre était un désert, Madame, où j’ai dû m’égarer solitaire, par devoir. » Face à tant de médiocrité, la pureté qu’incarne Becket ne peut être que sacrifiée tandis que l’hypocrisie triomphe comme on le voit à la fin, quand le roi affirme sa volonté de faire poursuivre des assassins qu’il a lui-même suscités.

Dans la pièce, l’Histoire est vue à travers le prisme des passions personnelles. Anouilh s’est beaucoup intéressé aux relations entre Becket et Henri II. Thomas, au début, apparaît comme un jeune seigneur élégant, jouisseur, courageux et habile aux armes, beaucoup plus raffiné que les barons normands : « Tu avais l’air si bien élevé, à côté de ces brutes, » lui dit d’ailleurs le roi. Il se consacre tout entier au service de celui qu’il appelle affectueusement « mon prince » et semble s’épanouir dans ses fonctions : « Je suis votre serviteur, mon prince voilà tout. Que je vous aide à gouverner ou à vous réchauffer, pour moi, c’est pareil : j’aime vous aider. » Devenu chancelier, il se montre énergique et fin politique, rappelant sans cesse à un roi trop soucieux de son plaisir immédiat les devoirs et les nécessités de sa charge. Esprit fort, il se flatte de ne pas craindre Dieu : « Nous ne sommes plus des petits garçons réplique-t-il quand Henri s’inquiète du courroux céleste, vous savez très bien qu’on finit toujours par s’arranger avec Dieu, sur la terre. » En traitant les affaires du royaume, il affirme « s’amuser beaucoup. » « J’aime au moins une chose, mon prince, et cela j’en suis sûr. Bien faire ce que j’ai à faire », répond-il au roi qui lui reproche de « n’aimer rien ».

Car Becket est un individu impénétrable, toujours en retrait des autres et de lui-même, qui s’abrite derrière son apparente légèreté et semble effectivement ne tenir à rien. Comme le remarque Henri, il a remplacé la morale par l’esthétique. « Je n’aime pas qu’on m’aime », dit-il à sa maîtresse Gwendoline, qu’il laisse partir froidement quand le roi exige qu’il la lui cède. « Monseigneur n’aime rien au monde, n’est-ce pas ? » constate celle-ci sans qu’il la démente. C’est que Becket, Saxon, traître à sa race et « collaborateur » d’un prince normand, se retranche dans la froideur et le cynisme parce qu’il ne sait où placer son honneur. C’est sans doute lorsqu’il s’adresse au roi endormi que ses sentiments s’expriment le plus clairement «  Mon prince… Si tu étais mon vrai prince, si tu étais de ma race, comme tout serait simple. De quelle tendresse je t’aurais entouré, dans un monde en ordre, mon prince. Chacun l’homme d’un homme, de bas en haut, et n’avoir plus rien d’autre à se demander, jamais. (…) Mais moi, je me suis introduit en trichant dans la file, - double bâtard. Dors tout de même, mon prince. Tant que Becket sera obligé d’improviser son honneur, il te servira. Et si un jour, il le rencontre…(…) Mais où est l’honneur de Becket ? » La réponse s’impose à lui lorsqu’il devient Archevêque : il se dépouille de toutes ses possessions et se consacre entièrement à l’honneur de Dieu, tout en prétendant s’amuser encore. Plus tard, lorsqu’il comprendra tout ce qu’implique sa fonction, lui viendra une gravité nouvelle. « Je me suis senti chargé de quelque chose tout simplement, pour la première fois, dans cette cathédrale vide, quelque part en France, où vous m’avez ordonné de prendre ce fardeau, tente-t-il d’expliquer au roi. J’étais un homme sans honneur. Et, tout d’un coup, j’en ai eu un, celui que je n’aurais jamais imaginé devoir devenir mien, celui de Dieu. Un honneur incompréhensible et fragile, comme un enfant-roi poursuivi. » L’homme léger, le libertin se donne enfin tout entier. Il défendra l’honneur de Dieu jusqu’au martyre, révélant la dimension héroïque de son caractère. Lorsqu’il rentre enfin en Angleterre, il sait déjà le sort qui l’attend et c’est en toute conscience qu’il se dirige vers la mort.

Face à lui, Anouilh fait du roi « un gros garçon brutal, mal sorti de l’adolescence et uniquement soucieux de son plaisir. » De fait, au départ, Henri II semble très proche de ses barons : débauché, égocentrique, volontiers vulgaire, il s’intéresse plus à la chasse et aux filles qu’il peut mettre dans son lit qu’aux devoirs de ses fonctions. Opprimant sans remords les Saxons qu’il traite de « chiens », il ne comprend pas que Becket puisse lui demander de les traiter comme ses fils. C’est aussi un homme de peu de courage, qui avoue sans fard craindre la mort. Il peut même faire preuve d’une méchanceté à la fois sournoise et tyrannique, comme lorsqu’il prend Gwendoline à son ami. Il n’en subit pas moins l’influence d’un homme qui s’efforce de lui apprendre « l’honneur du royaume » et auquel il voue une amitié et une admiration dont la profondeur ne fait pas de doute. Lorsque Becket se détourne de lui, Henri s’effondre, sanglote, avant de s’exclamer : « Moi, j’aurais fait une guerre avec toute l’Angleterre derrière moi et contre l’intérêt de l’Angleterre pour te défendre, petit Saxon. Moi j’aurais donné l’honneur du royaume en riant pour toi. Seulement, moi, je t’aimais et toi tu ne m’aimais pas ; voilà toute la différence. » Face à ce qu’il ne peut comprendre que comme une trahison, il réagit par une haine dévorante, un besoin de vengeance qui orientera désormais toutes ses décisions et qui n’est que l’envers de son amour déçu. « Votre roi ne fait pas bien son métier, Archevêque, observe Louis de France. Il cède à une passion. » Dès lors, son caractère s’aigrit, il s’en prend violemment à sa famille qui lui inspire des colères tonitruantes, et perd même le goût du plaisir : « Je m’ennuie, Becket ! » crie-t-il avec désespoir lorsqu’il revoit son ancien ami. L’assassinat dont Thomas sera victime n’est rien d’autre qu’un crime passionnel : «  Je l’ai aimé, dit-il à ses barons juste avant de les inciter au meurtre. Oui, je l’ai aimé ! Et je crois que je l’aime encore. » Cet amour torturant, dévastateur, confère au personnage la dimension tragique qui lui manquait, et l’arrache à la brutalité bestiale dans laquelle les barons sont enlisés : « Dire qu’avant lui j’étais comme vous ! Une bonne grosse machine à roter après boire, à pisser, à enfourcher les filles et à donner des coups. Qu’est-ce que tu es venu y fourrer Becket, pour que ça ne tourne plus rond ? »

De son côté, Thomas aime-t-il le roi ? Celui-ci en doute dès le début, et lui pose la question avec insistance. Becket élude. Les deux hommes ont une stature si différente qu’elle semble exclure une véritable réciprocité. Pourtant, lors de leur dernière rencontre, l’Archevêque semble sincèrement ému devant la détresse de celui qu’il appelle toujours « mon prince ». « Je voudrais tant pouvoir vous aider » lui murmure-t-il. Et lorsque le roi s’exclame : « Tu ne m’aimais pas, n’est-ce pas, Becket ? », celui-ci réplique : « Dans la mesure où j’étais capable d’amour, si, mon prince. » C’est précisément cette mesure qu’il est difficile d’apprécier. Si l’on en croit Louis de France, « Becket a une tendresse protectrice pour le roi. Mais il n’aime au monde que l’idée qu’il s’est forgée de son honneur. » A la fin,ses dernières paroles sont pourtant pour celui qui l’a fait tuer : « Pauvre Henri », prononce-t-il avant de glisser dans la mort, sans qu’on sache s’il s’agit de pitié ou d’un sentiment plus affectueux.

Les relations entre les deux hommes, telles que les dépeint le texte de la pièce, n’en restent pas moins fondées sur un déséquilibre. Epais et rustre comme il l’est, Henri ne semble guère inspirer à Becket plus que la « tendresse protectrice » et distante que lui attribue le roi de France. Mais les personnages de théâtre ne sont pleinement achevés qu’une fois endossés par les comédiens qui les interprètent. Voyons comment le film de Peter Glenville modifie les héros de Jean Anouilh.



Le film

A quelques différences près, sur lesquelles on reviendra, le scénario d’Edward Anhalt suit de près la pièce et les dialogues d’Anouilh, dont il estompe pourtant la trivialité voulue. Mais, à lui seul, le choix des comédiens en infléchit le sens : Peter Glenville a en effet confié le rôle de Becket à Richard Burton, et celui d’Henri à Peter O’Toole. Or ce dernier n’a rien du « gros garçon » épais et lourd imaginé par le dramaturge. Longiligne, élégant, le visage harmonieux et fin, l’acteur endosse le personnage du roi avec un charisme et parfois une majesté princière que le texte de la pièce ne laisse jamais soupçonner. Face à la virilité massive de Richard Burton, sa délicatesse presque féminine lui confère une séduction ambiguë, mais pas moindre que celle de son partenaire. Le contraste entre les deux héros est toujours aussi marqué, mais il change de signification et fonde une complémentarité complice là où la pièce suggérait une distance infranchissable. Immature, frileux, émotif, parfois pervers, fragile aussi, le roi que campe Peter O’Toole semble ne trouver un peu de chaleur et de stabilité qu’appuyé à la personnalité vigoureuse de son ami. Tant que ce dernier reste auprès de lui, il donne libre cours à son goût pour le plaisir et, riant haut, buvant sec, le laisse s’occuper des affaires du royaume dont il ne semble pas se soucier beaucoup. Cette insouciance, cette joie de vivre vont être foudroyées par la « trahison » de Becket : l’acteur se montre alors flamboyant dans ses colères, déchirant dans ses accès de détresse qui se lisent à nu sur son visage dévasté. Face à ce jeu très extraverti, Burton, non moins impressionnant, mise tout sur l’intériorité. Ses sentiments pour le roi semblent beaucoup plus profonds que ne le suggérait la pièce, comme le confirment les modifications qu’apporte à celle-ci le scénario.

Chez Anouilh, c’est sans état d’âme que Becket renvoie au roi le sceau d’Angleterre après avoir été consacré Archevêque. S’adressant à Dieu, il affirme même ne s’être « jamais autant amusé » qu’en endossant son nouveau rôle. Il n’en va pas de même chez Peter Glenville : Thomas, dans un premier temps, y est au contraire bien décidé à concilier sa charge de chancelier et sa fonction archiépiscopale, comme il l’affirme avec force devant Gilbert Folliot. Il faut qu’un proche d’Henri II, Lord Gilbert, fasse exécuter un prêtre sans procès pour que le choix s’impose à lui, non dans la légèreté mais avec une gravité anxieuse. Il envoie alors un messager au roi pour lui demander de punir le coupable. Blessé qu’il ne soit pas venu en personne, Henri se rend sur-le-champ à Cantorbéry. Prend place alors une scène capitale, absente de la pièce, au cours de laquelle va se consommer la rupture : le roi, furieux, rappelle à Becket qu’il l’a fait nommer Archevêque pour le servir et qu’il reste avant tout son féal. C’est alors seulement que Thomas, comprenant qu’il ne peut plus concilier l’inconciliable, lui oppose l’honneur de Dieu et lui rend le sceau en le suppliant de lui pardonner. Henri s’effondre comme dans la pièce, et prononce les mêmes paroles, mais cette fois en présence de son ami, ce qui leur donne un tout autre poids : « J’aurais fait une guerre avec toute l’Angleterre derrière moi et contre les intérêts de l’Angleterre pour te défendre, petit Saxon. Seulement, moi je t’aimais et toi tu ne m’aimais pas. » Et il ajoute : « J’aurais sacrifié ma vie en riant pour toi », ce qui donne à son amitié pour Becket une dimension nouvelle et quasi héroïque. Thomas s’approche pour le réconforter. Le roi le repousse brutalement et quitte la salle en proclamant qu’il va désormais apprendre à être seul.

Pendant cet échange, le jeu de Richard Burton, toujours très sobre, suggère que Becket est lui aussi déchiré par cette rupture. Dans la suite du film, il dira à plusieurs reprises qu’il n’a pas choisi sa charge et qu’il l’a endossée malgré lui, « sur l’ordre et pour l’amour du roi ». On sent en lui une gravité, une tristesse qui font écho à la douleur d’Henri, sans que ce dernier consente à y voir autre chose qu’une pitié dont il ne veut pas. Leur dernière rencontre, sur une plage déserte, accentue tragiquement le malentendu qui les sépare, malgré l’amitié qu’ils n’ont pas cessé d’éprouver l’un pour l’autre, et dont le roi gardera toujours la nostalgie. C’est elle que montre la fin du film où on le voit, après avoir été acclamé par la foule, redescendre seul vers le tombeau de Becket et poser une main affectueuse sur celle de son gisant.

Très spectaculaire, interprété par des acteurs britanniques prestigieux comme John Gielgud, Donald Wolfit et Pamela Brown, ce film long de 144 minutes a obtenu douze nominations aux Oscars, dont celles du meilleur film, du meilleur scénario et du meilleur acteur pour Richard Burton et Peter O’Toole.

Sylvie Huguet 

Mise en ligne : Juillet 2009


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Le livre / Le film


Jean Anouilh
(1910-1987)


Peter Glenville
(1913-1996)
























































Références du DVD :
Studio : Koba Films
Sortie : 11 février 2009
Durée : 144 minutes
Nombre de disques : 1
Format : Couleur, Dolby, Cinémascope, PAL
Langue : Français, Anglais
Sous-titres : Français
Région : Zone 2