Marlowe des années 50, John Blacksad est un détective privé américain, héros solitaire au passé trouble, amer et mélancolique, dont l'élégance ne laisse pas indifférentes les femmes.

Tome 4: L'Enfer, le silence
Sébastian Fletcher, célèbre pianiste de jazz, héroïnomane, a disparu, laissant derrière lui sa femme enceinte. Blacksad est chargé de le retrouver par Faust Lachapelle, producteur qui a révélé Sébastian et qui semble y être très attaché. Mais le fils de Lachapelle, ne souhaitant pas que son père dépense inutilement de l'argent dans cette enquête, se mêle de l'affaire. Et puis il y a cette étrange femme qui soigne Lachapelle, condamné par un cancer qu'elle seule semble maîtriser au prix d'une rémunération confortable. Un second détective s'intéresse au travail de Blacksad. L'enquête, au cœur de la Nouvelle-Orléans, s'annonce délicate. Blacksad ne dispose que d'un texte, maigre indice, paroles d'une chanson écrite dans un patois local, dialecte d'un village à l'histoire trouble dont sont issus les musiciens d'un groupe bien singulier.

Cet album, hymne à la musique jazzy, dénonce les ravages de la drogue dans l'univers musical de la Nouvelle-Orléans. En arrière-plan, on trouve également une des grandes affaires d'empoisonnement des années 50, la thalidomide par exemple.

L'histoire, dense, fouillée et captivante, constitue une vraie critique de la société américaine des années 50 et immerge le lecteur dans l'Amérique puritaine et raciste de l'époque.
Juanjo Guarnido est manifestement doué d'un sens aigu de la morphologie. Ses personnages anthropomorphiques sont très réussis. On y retrouve les caractéristiques des uns et des autres sans qu'ils se dénaturent. L'osmose est parfaite. Les couleurs, méticuleusement étudiées, sont un vrai régal pour les yeux.
Voix off, mouvement, gros plans, tout y est. Le récit, véritable story-board de film est prenant.

Un excellent polar noir que les amateurs ne manqueront pas d'apprécier.

A lire également
Tome 1: Quelque part entre les ombres
Blacksad se retrouve un matin devant le cadavre d'un ancien amour.
Il va naturellement diriger son enquête vers le garde du corps de la belle, actrice de son état. Ce dernier l'aiguille à son tour vers un producteur de cinéma.
L'unique indice dont Blacksad dispose est le signalement d'un homme aux yeux globuleux.
L'affaire va se révéler bien plus complexe qu'il n'y paraît. Certains protagonistes sont puissants et la police muselée. Mais Blacksad n'a peur de rien ni personne.

Un album qui dénonce le pouvoir des puissants.

Tome 2 : Arctic-Nation
Dans un quartier sinistré de l'Amérique des années 50, une fillette noire a disparu. La mère, qui ne s'était pas manifestée lors de l'enlèvement de sa fille, est par la suite assassinée.
Or, cette femme a eu jadis une aventure avec Karup, chef de la police, wasp, membre d'un Ku Klux Klan local : les Arctics.
Mais Blacksad ne croit pas au crime raciste. Son enquête va révéler que la femme du chef de la police n'est pas si claire qu'on peut le penser et que les apparences sont souvent trompeuses.

Un album qui dénonce le racisme et l'apartheid.

Tome 3: Âme rouge
Blacksad est ici employé par Hewitt Mandeline, richissime joueur, comme garde du corps et encaisseur. Le travail n'est pas plaisant mais bien payé.
Un soir, il fausse compagnie à son patron pour se rendre à une conférence sur l'énergie atomique présentée par une vieille connaissance, Otto Lieber, fils d'un pasteur, ayant appartenu à un petit groupe d'intellectuels de gauche : les 12 apôtres.
A l'issue de cette soirée, un médecin est assassiné.
Blacksad pense que c'est Otto qui était visé. Il décide de le protéger et va découvrir que le secret de la bombe H s'apprête à franchir le rideau de fer, pour faire route vers la Russie.

Un album qui dénonce la chasse aux sorcières et le maccarthysme via l'affaire Rosenberg. Il y est également question de la peur de la guerre froide au travers de la bombe H.

L'histoire des aquarelles
Dans ce volume, Juanjo Guarnido nous explique ses secrets d'illustration : la manière qu'il a d'équilibrer les couleurs entre tons chauds et froids pour donner du relief aux vignettes et retranscrire l'atmosphère de l'époque ; la façon dont il procède pour donner plus de sens à l'image avec l'aide de sa palette.
Les aquarelles sont sublimes, le texte passionnant.

Cécile et Philippe De Ram 
(22/01/12)