Tombés amoureux l’un de l’autre, ils vivent ensemble mais ils n’ont pas les mêmes conceptions. Ils se confrontent dans un débat philosophique sur leurs deux manières d’envisager leurs différences et leur cohabitation avec les autres, ceux sans handicap. En effet, Aïda veut créer « Laurent, la ville des sourds, dans le Dakota du Sud ».  Elle, exprime les difficultés qu’elle rencontre : « Mes souffrances vivent toutes seules à côté de mon amour pour toi. Je les ai enfouies pour qu'elles ne ressurgissent pas. Mais l'humiliation, Rocco. Être considérée comme illettrée à l'embauche, ne jamais être sélectionnée, toujours faire preuve de ses capacités intellectuelles et sociales malgré mes diplômes, avancer masquée pour pouvoir entrer à l'université, mentir sur ma surdité, prétexter des angines pour justifier ma voix... Je ne veux plus que les entendants m'infligent des épreuves. Souvent je me demande l'intérêt d'être sur terre. »

Pour Rocco, qui ne voit pas, créer une ville seulement pour les personnes sourdes est un projet inconcevable. En effet, il ne pourra pas les comprendre puisqu’Aïda et ses amis signent.

« Une prison communautaire où vous voulez tous être identifiés comme signeurs ? Avec vos églises, vos rituels, vos fêtes et vos privilèges ... Qui sait ? Peut-être même vos lois ? Vos lois au-dessus de la Loi ? »

Rocco a des conceptions bien différentes de celles de sa compagne : « Aïda, tu ne fais pas partie d'un peuple. Tu n'es qu'une personne humaine... Différente... On ne fonde pas un peuple sur des différences mais sur des ressemblances. »

Arriveront-ils à se comprendre et à poursuivre leur vie en commun ?
C’est un formidable texte philosophique sur les possibilités ou pas de vivre ensemble avec nos différences et nos divergences de points de vue. Cela questionne sur la vie en commun avec ou sans handicap.

Brigitte Aubonnet 
(20/11/21)