Pour les gourmets d'humour sans frontière et autres amateurs de digressions vers un absurde réjouissant, il y a actuellement sur la scène du PETIT MONTPARNASSE un passage obligé. C'est GED MARLON. Son one man show intitulé "SOLO" remplit chaque soir la salle d'aficionados qui l'ont découvert aux hasards d'une carrière d'artiste discrète dont l'imaginaire et la gestuelle n'évoquent que des grands.

Avec Fred Chopel, il créa "Les Aviateurs" qui fut un grand succès des années 80. Puis de Palace au Théâtre du Splendid il travailla notamment sous la houlette de Jean-Michel Ribes qui monta sa pièce "Un simple froncement de sourcil" au Théâtre du Rond-Point. La critique le salua à chaque occasion et regretta de ne pas le voir revenir plus souvent avec de nouveaux textes.

Si vous avez vraiment besoin d'évoquer un ancêtre pour mieux situer son univers, vous pouvez penser qu'il y a en lui du Raymond Devos, ce surdoué avec lequel il a une indubitable parenté. En effet, ses textes sont écrits avec clarté et sans superflu redondant. Ensuite, une fois passée la porte des conventions qui nous meublent, il chemine dans d'étonnants mondes surréalistes avec une logique sans faille qui provoque l'hilarité. Enfin, il accompagne lui aussi son discours d'expressions corporelles étonnantes.

Mais contrairement à son grand parrain qui jonglait désinvolte avec un nez rouge et un corps de mi-lourd, il joue et danse (très bien) avec le physique du séducteur discret et le ventre plat. Jean-Pierre Cassel pratiquait ainsi, modeste et léger.

Allez voir et entendre Ged Marlon, vous lui trouverez sans doute bien d'autres cousinages talentueux mais avant tout, il se distingue des autres comédiens dits "comiques" en étant celui qui préfère le NON-DIT au SUR-DIT. Chez lui, la manière – jamais vulgaire… jamais racoleuse – est à la fois élégante et retenue. Ce qui marginalise certains contemporains tapageurs soulignant leurs gags et téléphonant leurs effets. Je ne cite personne. Avec lui l'attention ne se relâche jamais et les rires complices rythment son discours.

Touche-à-tout dans ses sujets, il nous fait constamment partager une poésie rare qui convient aussi bien aux interrogations métaphysiques qu'à la méthode idéale pour déguster un plateau de fruits de mer. En plus de toutes ces grâces, il chante. Et quand il vous aura fait voyager avec lui, là où la virtuosité tient des mots avant d'ouvrir les portes d'autres mondes, vous repartirez heureux.

Notre conseil : Ne pas attendre pour réserver votre place au Petit Montparnasse où Marlon se produit du mercredi au samedi à 19 heures. Et le dimanche à 17 heures.

Claude Chanaud 
(03/03/08)