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René l'énervé


de
Jean-Michel Ribes




René aurait pu demeurer un simple citoyen du type soupe au lait et sous pression permanente. Son caractère n'aurait pas nui à l'activité de son épicerie-primeurs mais il n'aurait guère fait rêver Margot.

Par la grâce d'une fiction René l'énervé est le même qui va se révéler surtout avide de pouvoir. Cet agité du bulbe va d'abord être coopté par un parti politique puis formaté par un système promotionnel ad hoc. Ensuite il va ratisser large devant notre porte républicaine et mettre le pays en émoi d'autant qu'il "cause le bon sens" cher aux français comme Monsieur Jourdain faisait de la prose. Et il devient ainsi le chef du pays. En prime, Margot rejoindra évidemment son lit et tout ça ne le rendra pas plus modeste.

Jean-Michel Ribes, auteur de ce René tétanisé par le pouvoir, l'a également mis en scène et il vient de l'installer au Théâtre du Rond-Point où il nous le présente sous la forme d'un Opéra dit bouffe et tumultueux. D'entrée de jeu, ce spectacle apparaît comme une talentueuse parodie de nos us et coutumes politiques voire aussi de notre panurgisme récurrent, mais il se révèle progressivement comme le procès d'un système. Le rire en plus. Mis en musique par Reinhardt Wagner, chanté, rythmé et dansé, c'est une fresque ironique et rieuse qui décoiffe tous azimuts et vient de s'imposer en quelques soirées comme l'événement théâtral de la rentrée.

Elle s'accompagne d'une grande lucidité sur les tendances franco-françaises de notre époque ainsi que sur les tentations totalitaires toujours le petit doigt sur la couture du pantalon. Mais par la vertu de son créateur, le rire de Rabelais et l'esprit de Voltaire accompagnent le parcours de René. Cette fiction devient alors un bonheur de scène dont les clins d'œil sont un passeport pour un autre monde.

Malicieux resté vigilant, Jean-Michel Ribes nous sert donc un théâtre contemporain remplissant son rôle divertissant tout en mettant le pire en ligne de mire. Démocratie ou démocra no ? Cet homme de spectacle s'il en est se révèle ainsi le "castigat ridendo mores" de notre époque.

Dans cette charge de salubrité publique et de jubilation accompagnatrice, ses complices ont œuvré fort heureusement. Reinhardt Wagner a bien orchestré sa propre musique et le scénographe Patrick Dutertre a imaginé avec une évidente légèreté d'invention les lieux de pouvoir où va évoluer l'Énervé. Ils facilitent les mouvements de groupes chers aux opéras tout en permettant de bien identifier le parcours des principaux personnages. Et la costumière Juliette Chanaud a finement joué des couleurs et des traditions pour habiller les nombreux protagonistes de cette histoire ; ce qui représente 178 costumes de scène originaux dont les quatre coryphées commentant l'inévitable sacrifice à la façon du chœur antique sans avoir prévu que leur propre statut d'immigrés grecs va en faire les premières victimes.

En conclusion, sous la houlette du chorégraphe Lionel Hoche, 21 comédiens chanteurs vont et viennent avec talent, ainsi que 7 musiciens dirigés par Delphine Dusseaux. Et les spectateurs de cet opéra pas comme les autres prennent rang pour avoir des places. Ils ne le regretteront pas.

Cl. Ch. 
(14/09/11)    

Avec :
Sophie Angebault, Caroline Arrouas, Camille Blouet, Sinan Bertrand, Gilles Bugeaud, Claudine Charreyre, Benjamin Colin, Till Fechner, Emmanuelle Goizé, Sophie Haudebourg, Sébastien Lemoine, Jeanne-Marie Lévy, Thomas Morris, Antoine Philippot, Rachel Pignot, Alejandra Radano, Guillaume Severac-Schmitz, Fabrice Schillaci, Gilles Vajou, Jacques Verzier, Benjamin Wangermée.

Les musiciens :
Violon : Emelyne Chirol ; piano : Laurent Desmurs ; guitare et percussions : Jean-Yves Dubanton ; clarinette et saxophone baryton : Ghislain Hervet ; violoncelle : Maëva Le Berre ; violon : Noémie Poumet ; saxophone, flûte et accordéon : Dominique Vernhes.



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Montreurs d'ours












Théâtre
du Rond-Point


2 bis, avenue
Franklin D. Roosevelt
75008 Paris

Location :
01 44 95 98 21




Auteur et
metteur en scène
Jean-Michel Ribes

Compositeur
Reinhardt Wagner

Vidéo
Pierrick Sorin

Scénographie
Patrick Dutertre

Costumes
Juliette Chanaud

Lumières
Fabrice Kebour

Chorégraphie
Lionel Hoche

Son
Samuel Gutman,
Guillaume Monard

Perruques et maquillages
Cécile Larue

Orchestration
Steve Journey,
Reinhardt Wagner

Création
des têtes de cerfs
Anna Deschamp,
Sean Dubar

Direction musicale
Delphine Dussaux

Assistante
à la mise en scène
Virginie Ferrere