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La dernière nuit
de Marie-Françoise Hans
Entre George Sand et Alfred de Musset
Emporté par son goût pour les situations extrêmes y compris
le mélange des boissons alcoolisées, Alfred de Musset qui détestait
les contraintes s'investit
corps, cur et âme confondus
dans une passion exacerbée et partagée avec George Sand, la romancière
berrichonne dont les pantalons d'homme et les cigares provoquaient son siècle.
Nous pouvons donc imaginer combien la jalousie d'Alfred atteignait son paroxysme
lorsqu'elle accepta de le revoir un soir sur un fond de retrouvaille éphémère.
Surtout que le docteur Pagello ne passa pas la porte de la chambre partagée
par les deux amants lors de leur escapade vénitienne dans l'unique but
de soigner Alfred. George fut effectivement sensible à son charme. Que
c'est triste Venise lorsque l'on s'aime encore !
Quel comédien heureusement inspiré pouvait incarner le poète
dans cette déchirante crise, accompagnée de ses excès de
comportements et de ses sincérités successives ? Je sais maintenant
que Xavier Clion incarne sans conteste l'homme de ce rôle qu'il habite avec
un grand bonheur d'expression. Reste que sa partenaire incarnée par Gaëlle
Billaut-Danno tient également sa partition avec une fort louable efficacité
car, d'une part elle incarne une George Sand crédible, mais surtout elle
fait passer la rampe à une passion maîtrisée petit à
petit devant le comportement déferlant force 5 de son vibratile amant.
Ensuite, elle va en tirer des conclusions. Et, unique issue restant à leur
tumultueuse rencontre, elle va fuir ce violent partenaire.
Le troisième élément important dans cette comédie
ne dit rien. C'est le lit de leur dernière nuit. Mais ce témoin
muet sert à raconter comment les amants terribles sont revenus de Venise
avec des témoignages bien différents et surtout avec des bleus à
l'âme, indissolubles dans une nouvelle relation. On souffre avec les deux
qui s'aiment encore. On vibre avec Alfred comme on rationalise avec George.
Cependant, quand on la voit à l'aube, petite valise en main et cur
en lambeaux, laisser une évidente part d'elle-même près du
passionné dont la bouche doit être amère de libations trop
répétées, on est désolé au sens profond du
terme. Pour elle et pour lui.
Voir cette pièce de Marie-Françoise Hans que Régis Mardon a heureusement
mise en uvre, c'est assister à une évocation réussie
d'une passion célèbre ainsi qu'à sa rupture annoncée.
Les déshabillés romantiques qui accompagnent pudiquement cette dernière
nuit sont signés de Pascale Bordet et l'efficace décor est de Caroline
Mexme. Ainsi, pour la troisième année le Petit Saint-Martin nous
présente un bonheur de scène.
Claude Chanaud
(28/02/11)
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Sommaire
Montreurs d'ours
Petit Saint-Martin
17 rue René Boulanger
75010 Paris
Location :
01 42 02 32 82
Une pièce de
Marie-Françoise Hans
Mise en scène de
Régis Mardon
sur une idée de
Jean-Luc Moreau
avec
Gaëlle Billaut-Danno
en George Sand
Xavier Clion
en Alfred de Musset
Costumes
Pascale Bordet
Lumières
François-Eric Valentin
Décor
Caroline Mexme
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