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À propos de Martin


de et avec
Roger DUMAS





L'émotion intacte de Roger Dumas


Il y a des succès de théâtre annoncés parce que l’auteur de la pièce est reconnu… ou le metteur en scène… ou les comédiens… ou une heureuse conjonction des trois. C’est quelquefois le vecteur de quelque chose de fort qui mobilise ou émeut au plus profond. Et puis, il y les imprévisibles… ceux qui raflent la mise sans l’annonce des trompettes médiatiques ni l’accompagnement de la fanfare moutonnière.

À propos de Martin au Théâtre du Petit Hébertot est un spectacle qui répond à la deuxième définition. Encore que Roger Dumas qui porte la pièce sur ses seules épaules est reconnu depuis belle lurette pour des prestations aussi talentueuses qu’il est resté modeste. Son Molière en témoigne très justement.

Il faut simplement préciser que, de plus, il est l’auteur de cet étonnant récital d’essence intimiste et néanmoins partageable. Notamment avec les gens qui ont eu une jeunesse vibratile et qui la revivent à l’occasion dans des images implacables et récurrentes.

Là, chapeau à l’imprévisible, son texte est un petit chef d’œuvre à déguster en ce moment, au 78 bis boulevard des Batignolles puis à relire en rentrant à la maison. En fait, il excelle également là où on ne l’attendait vraiment pas. Ce faisant, il nous découvre une grande sensibilité qui lui vient de fort loin et ce petit air de musique devient le nôtre malgré qu’il soit le sien.

Rien ne sera oublié dans l’évocation de ces nostalgies d’âge tendre… de l’incompréhension aux rigides principes de parents restés traditionnels à l’ambiance délétère des années quarante… et de l’odeur surette des classes enfantines à la petite culotte entrevue d’une irremplaçable Marianne. Tout est bien suggéré ou dit. Et tout baigne dans une émotion accompagnatrice laquelle ne doit rien à un fictionnel opportuniste ni à une reconstitution factice.

On l’a compris… les spectateurs partagent avec bonheur la tendresse du petit Roger qui participe à la fois d’un vécu authentique et de la mémoire des hommes qui perdure comme elle peut.

Enfin, dans cette sorte de dramaturgie évocatrice de l’enfance à ne pas confondre avec un "one man show" à facettes soigneusement sélectionnées, on rencontre également des moments qui poussent spontanément soit au sourire de connivence soit au rire.

Un exemple de l’un et de l’autre : Le handicap de son enfance était une étrange capacité de dire tout naturellement en vers ce que d’autres expriment dans le langage commun ; cette particularité là est un moment marqué du "merveilleux" tel que Marcel Aymé, expert en la matière, ne l’aurait pas désavoué. Et la fixation sur les fesses de la petite Marianne dépasse l’évident non-dit de l’éveil sexuel pour provoquer la ravissante synthèse :

« J’en ai rêvé ma foi pendant des nuits entières
et cette vision m’a fait tout un hiver.
 »

La magie du texte s’associe heureusement à la prestation du comédien qui passe la rampe avec un grand naturel. Ne laissez pas passer ce bonheur de scène. Mais faites vite car la vie d’un théâtre des années 2000 est faite de programmations le plus serrées possibles et le Petit Hébertot n’échappe pas à la règle.

Claude Chanaud 
(30/10/10)    



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Montreurs d'ours












Théâtre
du Petit Hébertot


78bis bd des Batignolles
75017 PARIS

Location :
01 42 93 13 04




Texte de
Roger Dumas

Mise en scène
Arnaud Bédouet

Lumières
Gaëlle de Malglaive












Éditions ACTE
48 pages - 12 €

(en vente sur
le site du théâtre)