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Le mardi
à Monoprix


d'Emmanuel Darley




Au Théâtre Ouvert, l’avocat Jean-Claude Dreyfus gagne avec brio la cause du respect pour la différence.
L’émotion est en plus...

La rencontre d’un remarquable texte contemporain avec un comédien d’exception est un moment de choix. Surtout quand ce dernier s’y investit brillamment. De surcroît, quand le lieu où les deux conjuguent leurs talents est habité d’un climat propice à la communication intimiste et au partage des ravissements, le spectateur peut vivre un de ces bonheurs de scène qui marquent une saison.

Avec Le mardi à Monoprix, j’en ai vécu un, très heureusement mis en scène par Michel Didym. A souligner d’un double trait pour les amateurs d‘un théâtre qui n’a peur ni des remises en question de nos us et coutumes ni des mots qui les accompagnent !

Cet événement se renouvelle chaque soir jusqu’à la fin octobre 2010 au Théâtre Ouvert lequel se cache toujours modestement entre la place Blanche et celle de Clichy au numéro 4 bis de la cité Véron ; là où les mânes de Boris Vian et de Jacques Prévert n’ont pas fini d’inspirer des écrits libres, témoins de leur époque, ainsi que des spectacles iconoclastes heureusement mobilisateurs.

L’enthousiasme ambiant ne néglige rien de cette étonnante soirée.

Outre que l’auteur, Emmanuel Darley, a ciselé un texte très efficace où les différences inhérentes à chaque individu s’expriment avec une grande justesse de ton, le comédien Jean-Claude Dreyfus interprète le rôle d’un fils quasiment maudit dans une éblouissante prestation.

Ce n’est pas la première fois qu’il brûle les planches et pas nouveau qu’il y démontre sa capacité de mêler subtilement la parodie à l’émotion. Mais il faut souligner qu’au-delà de sa panoplie bien connue de comédien haut de gamme, il se révèle, dans cette comédie, l’avocat convaincant des exclus pour cause de différences.

De la couleur de peau aux croyances religieuses ou politiques… des certitudes nationalistes aux prétentions raciales… la liste est longue qui n’arrête pas de brouiller les relations des hommes au-delà du supportable. Et quand s’y ajoute le récurrent conflit de notre sexualité profonde et des mœurs considérées comme étant celles des gens bien pensants, on prend mieux conscience du malheur et des misères de ceux que leurs différences marginalisent.

Pour mieux les faire ressortir et les stigmatiser, l’auteur a imaginé que ce conflit illustré par la pièce va se développer au sein d’une très forte relation père/fils laquelle devient exemplaire de toutes les exclusions de ce bas monde. Jean-Pierre s’y révèle Marie-Pierre tandis que son père (scandalisé) scande un réprobateur et récurrent « tout de même ! ! ! ». Je ne vous dirai pas ce qui se passe dans la remarquable chute de cette comédie douce amère. Ce sera votre ultime plaisir dans sa découverte.

Le contrebassiste Philippe Thibault, personnage accompagnateur que Jean Cocteau n’aurait pas désavoué, accompagne et souligne le soliloque de la grande fille contrariée. Et le public du Théâtre Ouvert est heureux.

Ce bonheur à cueillir rapidement vous est offert à des prix très honnêtes.

Claude Chanaud 
(04/10/10)    



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Montreurs d'ours











THEATRE OUVERT


Le jardin d'hiver
4 bis, cité Véron
75018 PARIS

Location :
01 42 55 55 50


jusqu'au 30 octobre




Mise en scène
Michel Didym
assisté par
Raynaldo Delattre

avec
Jean-Claude Dreyfus
et
Philippe Thibault
(musique)

création musicale
Philippe Thibault

scénographie et lumières
Olivier Irthum

son
Pascal Flamme







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