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Photo © Brigitte Enguérand


Le mariage forcé

de
MOLIERE





Comment le XVIIe siècle
évitait la désespérance à des barbons




Le problème était résolu par leur mariage avec de toutes jeunes filles entièrement dépendantes de leurs parents et qui, mis à part quelques veuvages opportuns, y trouvaient fort rarement leur compte. La tragédie intime était la plupart du temps au rendez-vous.

Molière, avec lequel Lully collabora pour son ballet, mit cette coutume barbare dans sa ligne de mire alors que certains de ses spectateurs la pratiquaient sans états d’âme comme une des commodités à disposition des vieux mâles en fin de rut. Ainsi naquit Le mariage forcé.

Cependant, si le dramaturge a imaginé cette histoire pour corriger les mœurs tout en faisant rire ses contemporains, il eut la prudence de la définir comme une comédie-mascarade. Effectivement, sous les masques, on retrouve la dureté de ces anciennes mœurs et d’évidence la souffrance de gamines que l’on ne prenait guère en considération. Leur père devenu veuf pouvait la donner ou s’en débarrasser tout en épousant un jeune tendron. La société civile mit beaucoup de temps à marginaliser le système. Le XIXe siècle peut en témoigner utilement.

Heureusement, ce type de mariage n’est plus de mode, du moins dans les pays démocratiques. Mais au-delà de ce sujet éminemment tragique la pièce fait également rire car elle porte aussi en elle une critique dont la résonnance est toujours forte actuellement. Non seulement le fait qu’elle soit en partie chantée accompagne sa compréhension mais il ajoute à son charme sans la marginaliser dans l’ancienne tradition de la comédie-ballet.

Le metteur en scène Pierre Pradinas qui est également scénographe a créé un noir décor à la façon d’un écrin sombre qui s’efface totalement au profit de l’action et des dialogues.

Reste que les costumes contemporains marqués de nos tendances actuelles ne gênent en rien une fiction qui amusa Louis XIV et nous fait rire car Le mariage forcé n’a rien perdu de sa belle ironie vis-à-vis d’une institution restée contraignante.

La troupe de comédiens qui connaît bien l’univers du théâtre de Molière vous réserve quelques passages éblouissants comme les dialogues de l’égocentrique Sganarelle avec de très parodiques philosophes, de ces bavards superficiels dont la race n’est pas éteinte.

Ainsi, le plaisir offert aux spectateurs est un de ces bonheurs de scène, enlevé, léger et plein de grâces qui perdure jusqu’au tomber du rideau.

Claude Chanaud 
(20/06/10)    



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Montreurs d'ours






Studio-Théâtre
Galerie du Carrousel du Louvre
Place de la Pyramide inversée
99 rue de Rivoli, Paris 1er

Location 01 44 58 98 58

www.comedie-francaise.fr





Mise en scène
Pierre Pradinas

Lumières
Orazio Trotta

Musiques
Dom Farkas
et Thierry Payen
d'après
Jean-Baptiste Lully