Ce spectacle, très original grâce à ses nombreux plans d’inspiration, musical en très grande partie, est conçu par Hélène Delavault et Vincent Colin. Il mixe des chansons de l’après-guerre14-18 avec des textes tout à fait représentatifs de cette étonnante époque qualifiée parfois de la définition un peu sommaire… « les années folles ».

Un bouche à oreille élogieux ayant fait le nécessaire, je me suis retrouvé dans une salle comble d’aficionados de Louis Aragon, de Marcel Duhamel, de Jean Cocteau, de Benjamin Péret et de bien d’autres participants des mouvements artistiques et littéraires du moment.

Désireux de vous faire partager ce moment de grâce, je vous confirme qu’il s’arrête fin janvier. Et que, si vous voulez retrouver dans la même soirée les accents vibratiles de Fréhel ou de Marie Dubas associés aux approches sans frontière de Jacques Prévert, il vous faut retenir rapidement vos places au Théâtre du Lucernaire.

Il offre aux nostalgiques du surréalisme créatif, aux véritables amateurs de la poésie insurrectionnelle, aux gens sensibles de la provocation par le verbe et aux amateurs de chansons de caractère une soirée d’exception.

Vous y goûterez entre autres des textes prémonitoires comme « Ne visitez pas l’exposition coloniale » d’Aragon et de ses amis, et une défense des toxicomanes au nom de la liberté de choisir son destin. Ces années furent peut-être folles mais elles demeurent surtout virtuoses d’un verbe brillant qui annonçait Radiguet, Boris Vian et tous ceux qui choisirent l’insurrection des mots au lieu de brandir des poignards ou des grenades.

Hélène Delavault qui participe de nos bonheurs radiophoniques dans le micro de France Culture met tout ceci en ligne en accompagnant ces textes intellectuels des chansons mythiques que sont devenues Parlez-moi d’amour chantée jadis par Lucienne Boyer et le célèbre Mon homme de Mistinguett.

Ce divertissement aussi intelligent qu’émouvant m’a ravi.

Claude Chanaud 
(29/12/09)