La Serva Amorosa 

de
Carlo Goldoni



Ce roi, barbon qui s’avance…
bon qui s’avance… c’est Robert Hirsch.



Il était une fois dans la ville de Vérone un vieil homme qui se remaria sans avoir mesuré la duplicité de sa seconde épouse. C’était au XVIIe siècle quand les pères de famille devenaient facilement nombrils obsessionnels et tyrans domestiques, surtout s’ils étaient riches ou puissants. Mégalomanes dans les deux cas ! Et quand leurs enfants étaient en âge de se marier, ces prétentieux papas intervenaient sans pudeur dans la future union car ils étaient le pouvoir.

Marqué des us et coutumes familiales de cette époque mais surtout d’un talent de dramaturge qui s’inscrit dans le sillage de Molière, Goldoni a bâti sur ce sujet une intrigue jubilatoire : La Serva Amorosa. Et fin heureuse, soigneusement concoctée par une servante amoureuse de son jeune maître, cette dernière, aussi généreuse que psychologue, va désarmer l’hypocrite marâtre et ouvrir les yeux du barbon.

On soupire d’aise !

Cette comédie de 1752 fait en 2009 les beaux soirs du Théâtre Hébertot. Elle est jouée allegro presto avec une verdeur évoquant la commedia dell’arte dans laquelle Carlo Goldoni a longtemps baigné. S’y additionne une mise en scène pétulante de Christophe Lidon qui fait oublier le sordide de cette histoire familiale. Le décor de Catherine Bluwal est commode à l’unité de l’action malgré des lieux de scène superposés et les costumes de Claire Belloc rutilent d’une tradition colorée et cossue.

Sous le cocasse de leurs comportements, les dix comédiens font apparaître sans ambiguïté les motivations des personnages en conflit. On rit de bon cœur dans la caricature des caractères et on prend très vite parti pour les gentils, surtout quand les vilains pointent le nez.

Claire Nadeau qui interprète Béatrice, reine de cette vilénie révélée, prouve une fois de plus sa capacité à se couler dans des personnages bien éloignés de l’ancienne madame Foldingue et Clémentine Célarié, jouant la servante Coraline, s’éclate dans l’émotion bien contenue et le charme primesautier.

Quand à Robert Hirsch qui possède le grand art d’en faire plus sans en faire trop, il est un fort remarquable Ottavio. Hissant sa parodie du vieillard égoïste mais vulnérable au niveau d’un des beaux-arts, les rires scandent ses incomparables mimiques. Et l’émotion les accompagne.

La partie de mistigri jouée avec sa très calculatrice épouse, juste avant l’arrivée du notaire, est digne d’une anthologie des grands moments de la scène.

Claude Chanaud 
(15/10/09)    



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Montreurs d'ours





Théâtre Hébertot

78 bd des Batignolles
75017 Paris

Réservation :
01 43 87 23 23



Mise en scène :
Christophe Lidon



Avec
Clémentine Célarié
Robert Hirsch
Claire Nadeau

et
Denis Berner
Benjamin Boyer
Emilie Chesnais
Manuel Durand
Thierry Monfray
Guilhem Pellegrin
Pierre Zaoui



Décors
Catherine Bluwal


Costumes
Claire Belloc