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Antigone

d'après Sophocle






Le Théâtre Permanent de Gwénaël Morin
Plus populaire que lui… tu meurs !



Projet innovant dans une perspective à la fois mobilisatrice et généreuse, l’activité du Théâtre Permanent de Gwénaël Morin est un événement de l’année 2009 qui bouscule une tradition toujours un peu conservatrice et jette dans le monde bouillonnant de la scène son ambitieux pavé ; pas précisément "gratis pro deo" mais gratuit pour les citoyens d’une démocratie s’interrogeant régulièrement sur son théâtre.

Il faut préciser aux amateurs de ces cheminements nouveaux que le Théâtre Permanent est implanté dans un quartier proche de la station de métro "Aubervilliers Pantin - Quatre chemins". Vous trouverez ce lieu de scène dans le centre culturel intitulé "Les Laboratoires d’Aubervilliers" mis à la disposition d’artistes par la Mairie du même nom. La découverte de ce petit monde très entreprenant et resté quasiment artisanal est en soi une surprise et une récompense.

Les finances fort minces de la Compagnie ne gênent en rien sa volonté affirmée de création et le talent de ses comédiens qui est évident. La preuve en est que seul son engagement dans sa ville a empêché la troupe de participer cette année au Festival d’Avignon où elle a pourtant été conviée. Il s’agissait pour les instances officielles d’offrir à ces iconoclastes un endroit où s’exprimer dans une Cité des Papes qui en a vu bien d’autres et qui rêve depuis Jean Vilar d’un nouveau théâtre populaire. Là où idéalement le plus démuni pourrait s’installer sans bourse déliée.

Cette gratuité des places est le premier point à souligner dans la démarche du Théâtre Permanent. Cependant, loin d’être unique, le désir de partir d’un texte de qualité le précède pour en faire assimiler le sens à tous ceux qui franchissent l’entrée : enfants, vieillards à trois jambes, Africains primesautiers, travailleurs turcs, épiciers magrébins, ratés des écoles, esclaves d’une nouvelle Thèbes, chômeurs et autodidactes qui s’ignorent.

Professeurs de lettres, montreurs d’ours et autres gens de théâtre… ne pas s’abstenir ! Il y a une passerelle en prime : les amateurs de toutes origines peuvent chaque matin venir travailler ici un personnage, pour participer éventuellement à des bouts de scène. A propos de l’Antigone jouée encore tout le mois de septembre devant les gradins en bois qui, durant l’été, sont installés en plein air, vous pourriez éventuellement rejoindre le chœur pour coopérer à son tragique témoignage. Voire plus si affinités.

Grâce à une distribution efficace qui tient beaucoup plus compte des capacités d’expressions que des sexes, la pièce de Sophocle présente au public une version nouvelle du vieux conflit opposant Antigone à Créon. Tellement aérée grâce à la nouvelle traduction d’I. Bonnaud & M. Hammou, elle semble allégée au-delà du tragique pesant de la situation. Et pour une clientèle pas toujours préparée, la gestuelle vivace compense sans doute une insuffisance de culture grecque. Les trouvailles compensant le manque de moyens concernant les costumes et les décors rendent cette troupe encore plus sympathique. Sans perte de crédibilité. En effet, quand l’acteur est habité par son rôle, son armure n’est plus en carton.

L’animateur et metteur en scène de cette équipe nous fournit une conclusion que nous soutenons de notre action et de nos vœux : On n’est pas venu ici pour offrir un service culturel à un territoire déshérité (…) on veut créer un point d’attraction qui fait venir les gens au théâtre.

Ainsi, vous comprenez combien l’entreprise de Gwénaël Morin est profondément humaniste. Et pourquoi nous convions les lecteurs d’Encres Vagabondes à y participer de cœur et d’esprit.

Claude Chanaud 
(06/09/09)    



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Montreurs d'ours








Les Laboratoires d'Aubervilliers


41 rue Lécuyer
93300 Aubervilliers

01 53 56 15 90



Accès en Métro : Ligne 7 Aubervilliers / Pantin Quatre-Chemins (sortie Avenue de la République, côté des numéros pairs)