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Photo © 2009 ifou pour le polemedia


Les couteaux dans le dos

de
Pierre NOTTE






C’est Marie la victime. Ceux qui l’empêchent de vivre sont parmi nous : la mère, le père, la conseillère d’éducation, puis tous ceux qui symbolisent l’autorité et les chemins soigneusement fléchés pour le formatage. Et quand l’enfant mal dans sa peau veut s’envoler, ils sont là pour la contraindre ! Que veut-elle donc ? Autre chose évidemment. Comme souvent quand on ne sait pas exactement quoi.

Alors elle fuit ! Vers des ailleurs improbables. Son cas n’est pas plus à la limite du crédible qu’il n’est extrême dans l’éventail des éducations ratées. Simplement, elle est devenue une très fragile jeune fille que son environnement bête et méchant a emprisonnée pour mieux la canaliser. Et il lui faut transcender tout ça.

Reste que beaucoup de filles subissent ces pressions, mais ces dernières sont quelquefois plus indolores. Voire plus subtiles ! Les arguments développés commencent classiquement par la famille et vont du lieu commun péremptoire, toujours en usage dans cette ancestrale structure, aux ailes coupées du rêve primesautier et aux bons principes du quotidien barbant.

« Il faut changer de petite culotte tous les jours » lui a seriné sa mère que l’obsession de la propreté rend définitive dans l’expression et insupportable dans la répétition.

Dans cette pièce, l’éventail de ces multiples conditionnements est révélé par des personnages et des fantômes qui participent de l’initiation de Marie, laquelle ne veut pas se suicider mais aimerait ne plus exister. Vieille idée révélatrice du mal être dont les jeunes filles n’ont jamais eu l’exclusivité.

La roue tourne… s’écriait madame Irma qui disait l’avenir à la Foire du Trône. Et, dans le parcours qui va peut être libérer la jeune fille, le Destin va distribuer ses cartes à la manière du Monopoly ou du jeu de l’oie : 1 2 3 des parents qui s’affirment incontournables et une enfant qui se fait mal au-delà du symbole… 4 5 6 un poste de police et des trolls norvégiens… 7 8 9 un paquet de Figolu comme unique viatique pour une évasion et un pique nique sur un tombeau … 10 11 12 un péage d’autoroute et un gardien de phare…

Cette quête de soi-même pleine de références littéraires, n’est pas plus facile dans les années 2000 que sous Daudet, Kafka, Bergman ou Prévert. Elle est simplement l’excellent prétexte d’une cavalcade adolescente signée de Pierre Notte qui lui donne un fort crédible fond de sauce. Et qui la dote d’une vivace mise en scène avec une simple table et six chaises ; car entre deux séquences, il faut faire asseoir une cinquantaine de rôles qui, fantômes exceptés, sont pourvus de fesses.

Sur la scène, Jennifer Decker, Flavie Fontaine, Manon Heugel, Caroline Marchetti et Marie Notte réalisent un sans faute au rythme accéléré et mettent en œuvre une évidente performance leur permettant d’être tous les personnages de la pièce, y compris les masculins.

Claude Chanaud 
(30/08/09)    



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Montreurs d'ours








Théâtre des Déchargeurs

3, rue des déchargeurs
75001 Paris


Location :
01 42 36 00 02




Mise en scène :
Pierre Notte



Avec :
Jennifer Decker
Flavie Fontaine
Manon Heugel
Caroline Marchetti
Marie Notte









L'avant-scène théâtre