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L'affrontement

de
Bill C. Davis




Pour la petite histoire la pièce Mass Appeal, L'affrontement en français, de Bill C. Davis, qui se joue actuellement au Théâtre Rive Gauche a été créée en 1980 à Broadway où elle eut une longue carrière. En 1984 la pièce est également adaptée à l'écran par Gleen Jordan sur un scénario de l'auteur et avec, dans un des rôles principaux, le grand Jack Lemmon.

Je disais donc en 1980, il y a de cela 33 ans (l'âge du Christ) et pourtant son propos est toujours d'actualité, je dirais même d'une actualité brûlante : l'Église ! L'Église et son action dans notre quotidien. D'ailleurs si le sujet aborde l'Église catholique, il pourrait sans difficulté être déplacé vers les sphères d'autres religions sans que l'on ait à en changer énormément ses intentions et ses répliques.

Pour résumer, Tim Farley (Francis Huster), vieux prêtre bien installé dans sa paroisse et adoré de ses ouailles, reçoit Mark Dolson (Davy Sardou) un jeune séminariste fougueux et plein de révolte qu'il doit former. C'est de leurs échanges que la pièce est faite.

On ne peut donner de leçons sans apprendre un peu de son élève, surtout lorsque celui-ci pose des questions qui bousculent vos certitudes : pourquoi les femmes sont-elles exclues de la chaire des prêtres et ne peuvent donner les sacrements ? Faut-il simplement flatter l'égo de ses paroissiens pour les garder parqués dans leur foi en attendant leurs bienveillantes aumônes ? Ce sont là quelques-unes des interrogations de ce jeune Mark venu vers l'Église après un parcours bien sombre qu'il nous dévoilera au cours des scènes de la pièce.

Entre ce vieux prêtre qui se console de sa passivité en buvant le cognac qu'on lui offre pour le remercier de ses bons offices et ce fougueux diacre qui rêve de répandre la foi au plus profond du cœur humain ; une foi qui deviendrait universelle ; une foi tellement achevée dans les desseins de Dieu que les églises ne deviendraient plus que des constructions inutiles et désaffectées ; entre nos deux hommes L'affrontement les mènera à révéler ce qu'ils ont de plus authentique en eux-mêmes, là où la lumière de leur vérité propre est la plus claire. L'initiation dans L'affrontement est appliquée dans les deux sens.

Bill C. Davis s'adresse à nous en parsemant son discours de nombreuses pointes d'humour, car on ne peut efficacement exprimer et transmettre des réflexions sérieuses sans un minimum d'humour.

Sur scène L'affrontement est exécuté par Francis Huster et Davy Sardou avec une telle force, une telle énergie, une telle conviction dans leur jeu que nous sommes groggy par la puissance de leurs talents mêlés ; groggy comme si on nous avait transmis le message de la pièce avec l'ardeur de deux beaux athlètes sur un ring.

La mise en scène de Steve Suissa, sobre et efficace, contribue en filigrane à la lisibilité de la trame et à la vigueur du jeu de nos deux maestros. Stéfanie Jarre pour sa part a planté un décor autour des axes de la croix qui se métamorphose magiquement soit en église soit en bureau du vicaire et sa bibliothèque qui ne contient pas (vous le verrez) que des livres.

Il faut aller voir ce spectacle poignant (car il est poignant) ; vous ne pourrez ensuite entrer dans vos églises (qu'elles soient chrétiennes ou autres) uniquement en trimbalant votre foi dans son baluchon de circonstance pour accomplir un rituel programmé dans le cycle austère de votre quotidien, mais avec le désir d'y accomplir votre part d'élévation vers les desseins de la foi universelle. Et si pour vous Dieu n'est qu'un opium aux effets anesthésiants, vous vous réjouirez sans aucun doute de la qualité de ce spectacle et de l'interprétation de ses acteurs magiciens.

David Nahmias 
(13/07/13)    



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Une loge
pour le strapontin














Théâtre Rive Gauche

6, rue de la Gaîté
75014 Paris

Location :
01 43 35 32 31




Une pièce de
Bill C. DAVIS

Adaptation de
Jean PIAT
et
Dominique PIAT

Mise en scène
Steve SUISSA

Avec
Francis HUSTER
et
Davy SARDOU

Décor
Stéfanie JARRE

Costumes
Edith VESPERINI

Lumière
Jacques ROUVEYROLLIS

Son
Alexandre LESSERTISSEUR

Assistant mise en scène
Denis LEMAITRE