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Horace McCOY
(1897-1955)

Les Rangers du ciel

Amateurs d’aventures, d’action et de combats aériens, ce livre est pour vous ! On est en 1929 et le capitaine Jerry Frost, pilote de guerre en 14-18 (comme Jean-Paul Belmondo au début de L’as des as), s’est recyclé dans la police et, à la tête d’une petite escadrille, il assure la surveillance et la sécurité du pays à la frontière entre le Texas et le Mexique, prenant tous les risques pour mettre fin aux trafics en tous genres, aux attaques de trains et même à une tentative de révolution mexicaine par une association de malfaiteurs équipée de redoutables avions noirs. Chacune des quatorze nouvelles (d’une cinquantaine de pages) est une aventure en soi mais toutes sont reliées entre elles par le contexte, la lutte sans merci entre les Rangers du ciel et le gang des avions noirs.

De cet écrivain américain né en 1897 dans le Tennessee, on connaît généralement deux romans qui ont eu un grand succès, On achève bien les chevaux (1935) et Un linceul n'a pas de poche (1937), tous les deux adaptés au cinéma après sa mort, le premier par Sydney Pollack en 1969 et le second par Jean-Pierre Mocky en 1974.
Mais avant ces romans, Horace McCoy a publié, de 1929 à 1934, quatorze nouvelles dans le Magazine Black Mask qui a découvert de nombreux auteurs de polars comme Dashiell Hammett ou Raymond Chandler.

Douze de ces nouvelles avaient déjà paru en France en 1974 sous le même titre. Benoît Tadié en a revu la traduction et a ajouté deux nouvelles jusque-là inédites ainsi qu’une passionnante préface qui met en lumière la grande proximité entre l’auteur et son personnage dont les aventures sont nourries par « la mémoire de la Première Guerre mondiale, où McCoy avait servi comme pilote d'observation et été blessé à l'épaule (comme Jerry Frost à plusieurs reprises) lors d'une attaque allemande contre son avion. Si, comme le dit Manchette, la littérature est "la mémoire des émotions des hommes" (Lettres du mauvais temps), les aventures aériennes de Frost constituent une autobiographie émotionnelle du soldat Horace McCoy en même temps qu'un palimpseste de son expérience du front. La ligne autour de Verdun est remplacée par les méandres du Rio Grande ; les villages incendiés de France par ceux du Mexique brûlés par le soleil ; l'ennemi d'autrefois par des bandits aux commandes d'avions de chasse. Mais les duels et la voltige aérienne, la description topographique du territoire vu du ciel, les images saisissantes d'appareils abattus ou de pilotes sautant d'avions en flammes, le vague à l'âme du héros privé de femmes : tous ces événements, ces visions et ces sensations, qui font la puissance des histoires, viennent de la guerre. »

Jerry Frost est donc un magnifique héros qui dès la deuxième nouvelle se constitue une équipe de choc, les Fils de l’Enfer, en recrutant quatre anciens pilotes de guerre (dont un Allemand) qui se sont recyclés dans les acrobaties aériennes pour le cinéma et l’écriture de publicités dans le ciel. Ils y gagnaient beaucoup d’argent mais le goût de l’aventure et du combat est le plus fort ; côté émotions fortes, ils ne vont pas être déçus, et les lecteurs non plus…

Ils vont s’attaquer à un puissant réseau de contrebande qui utilise tous les moyens de transport possibles, camions, trains, bateaux, avions… Ils vont remporter des victoires à chaque nouvelle mais ils comprennent que le réseau est toujours plus vaste qu’ils ne le pensaient, que la corruption a réduit un nombre considérable de policiers et de politiciens au silence et à la collaboration, que chaque trafiquant abattu est remplacé, qu’après chaque échelon identifié  il s’en trouve un autre au-dessus, mais Jerry Frost ne se décourage jamais et d’aventure en aventure, il remonte peu à peu jusqu’à la tête de la pieuvre qui fomente une révolution au Mexique pour installer un nouveau président à sa botte et se créer un véritable empire.

Heureusement, Jerry Frost et ses Rangers du ciel, au-delà de leur talent de pilotes, de leurs qualités physiques et de leur courage à toute épreuve, peuvent compter sur leurs intuitions. « Ce sont des choses bien étranges, les intuitions. Les hommes dont la vie est un combat perpétuel apprennent vite à les respecter. Les intuitions surgissent, et les aventuriers agissent. La moindre hésitation peut provoquer le désastre. » C’est utile aux héros mais aussi à l’auteur pour les sortir de situations désespérées. « La vie de Frost ne tenait qu'à un fil. La perception primitive de la mort, héritée d'innombrables générations d'hommes combattants, envahit son cerveau. Et il n'hésita pas. » Ouf, on a eu peur ! Et ce serait bien dommage de perdre un si beau personnage. « Le monoplan compact de Frost s'arrêta à son point de stationnement et il coupa le contact avant de sauter à terre. Il déboutonna son blouson de daim et ôta son casque. Il avait des épaules puissantes, des cheveux noirs ondulés plaqués sur son crâne massif, des yeux bleus à l'expression hardie. » Difficile de résister !
On retrouve ici tous les ingrédients des grands romans d’aventures et c’est une belle idée de nous fournir cette nouvelle version de textes presque centenaires qui vont faire le bonheur de beaucoup de lecteurs découvrant ainsi un aspect moins connu du talent d’un grand auteur.

Sege Cabrol 
(27/07/22)    




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Pour mémoire




Horace McCoy
(1897-1955)
pilote de chasse pendant la guerre de 14-18, puis écrivain et scénariste.


Bio-bibliographie sur
Wikipédia




Gallimard / Série Noire
(Juin 2022)
690 p - 22 €

Version numérique
15,99 €


Traduit de l'anglais
(États-Unis) par
Benoît Tadié et
France-Marie Watkins

Préface de Benoît Tadié

Traduction révisée et
deux nouvelles inédites















Les romans de
Horace McCoy
sont disponibles
chez Gallimard