On est à Nantes, en 1942. Suzanne, une jeune lycéenne, vit en pays occupé par l’armée allemande.
Alors qu’elle se promène avec son amie, elle trouve par hasard dans l’herbe une pellicule photo. Elle-même passionnée par la photographie, elle décide immédiatement de la développer. Elle découvre alors les clichés d’un texte rédigé en allemand, langue qu’elle ne comprend pas.  Suzanne, intriguée, se demande si ces documents ont de l’importance ou non. Mais à qui en parler ? On est en guerre et l’entreprise est risquée.

La jeune fille vit avec sa mère et son frère. Son père, mobilisé, a été fait prisonnier par les Allemands et cela fait de nombreux mois qu’elle ne l’a pas vu. Son professeur de piano vient d’être emmené par la Gestapo et son appartement a ensuite été pillé. Suzanne s’aperçoit avec horreur que son frère, aux relations par ailleurs douteuses, est de mèche avec les voleurs.

Son écœurement par ce qui se passe autour d’elle et plus largement en France est sans bornes ; Suzanne veut à tout prix s’engager dans la Résistance.
Pour cela, elle s’adresse à son professeur d’histoire qui lui paraît digne de confiance. Ce dernier ne va pas être aussi accueillant que ce qu’elle avait espéré. Il la trouve bien jeune pour un tel engagement, elle n’a en effet que quinze ans.
Mais c’est sans compter la ténacité et l’intelligence de la jeune fille. 
Suzanne va remuer ciel et terre pour arriver à ses fins et intégrer un réseau de résistants.
Va alors commencer pour elle une nouvelle vie pleine d’imprévu, de secret, de clandestinité et de prudence.

Suzanne observait la scène en silence. Elle était allongée au sommet d’un talus où elle avait pris position, cachée derrière de hautes herbes depuis deux bonnes heures déjà.

Un convoi de sept wagons venait de s’immobiliser en contrebas. Suzanne le détailla : il y avait un wagon de transport de soldats, trois wagons de marchandises, deux wagons bâchés et en dernier, un wagon muni d’une tourelle de tir antiaérien. Des soldats postés tout le long du train veillaient, l’arme au pied, tandis que d’autres faisaient des rondes avec des chiens le long des voies annexes. Toute la gare d’Angers était sous une surveillance renforcée.

Une vie d’aventures, aussi dangereuse que palpitante pour l’adolescente qui va découvrir des choses qu’elle ne soupçonnait pas sur certains de ses proches, réaliser que la Résistance ne se compose pas uniquement de grands gestes héroïques mais que les petites mains y sont extrêmement importantes.
Une vie dans laquelle la présence d’esprit, la discrétion, le courage et parfois aussi la chance sont essentiels à la survie.

Le texte est riche et très bien documenté. L’auteur immerge le lecteur dans la vie de cette jeune fille qui va subir, comme tant d’autres, la guerre et tout ce qu’elle comporte : les bombardements, la Gestapo, les dénonciations, le rationnement… On y est.
Les mots difficiles, les sigles et les références historiques sont marqués d’un astérisque et expliqués en bas de page.

L’ouvrage est joliment illustré en noir et blanc par l’auteur lui-même.

Le texte, écrit dans un caractère agréable, est aéré et confortable à lire. Chaque paragraphe commence par une majuscule en gras. Une mise en page qui facilite la lecture notamment pour les lecteurs en difficultés.

Le livre n’est pas seulement un roman historique. Il est aussi plein d’aventures et de suspense. L’intrigue, très bien menée, tient le lecteur en haleine jusqu’à la dernière page.

Un livre réussi à plus d’un titre : la qualité et la richesse de l’écriture et des références historiques, la structure même du texte en font un support d’enseignement intéressant pour les élèves de fin de cycle 3 et de collège.

Voici un roman captivant sur les thèmes de la Seconde Guerre mondiale, l’amitié, le courage et l’aventure.
Un roman qui a toute sa place dans la littérature pour la jeunesse !

Cécile De Ram 
(14/04/23)