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Patricia SUESCUM

L’ombre du dialogue
suivi de
Doléances du réel

Le recueil est écrit en deux parties formellement différentes. La première, L’ombre du dialogue est composée de poèmes – où l’on trouve quelques lignes en prose, à l’infinitif, comme des introductions, modes d’emploi, conclusions, chutes… – et coupée par un dialogue 

Pour réduire la distance des voix lointaines et rendre audible l’ombre du dialogue.
– D’où venaient-elles ?
– Elles revenaient d’un long voyage.
– Que voulaient-elles ?
– Parler d’un monde, de visions, d’une empreinte.
– Que cachaient-elles ?
– Le pourquoi des cicatrices.
– Qu’avaient-elles à transmettre ?
– Les cicatrices d’un choix. L’origine, l’abscisse et l’ordonnée.
Laisser place au vent, dévisager l’invisible. Tordre les lignes supposées parallèles.

 « Ces voix lointaines » ne sont-elles pas celles de nos prédécesseurs, de nos aïeux, des poètes, qui se sont presque tues, celles d’un parcours de vie, de textes ? Car l’ombre du dialogue est aussi une histoire de deuil. En témoigne ainsi le poème-exergue.

Les morts portaient la marque du vivant
Au sommeil éternel, la douloureuse empreinte

Sur l’aube jaillissait ma peine inexploitable…

Il faut voir dans la claire préface et les beaux dessins dont l’un « ouvre la porte à l’instant » de Régis Nivelle, ce qui est en jeu dans l’ombre.
« Ce qui en ce lieu est à comprendre respire sous nos yeux : nous parcourons un envers lumineux et obscur où le tracé se noue, se cambre, se durcit puis se délie et se fragmente ou se volatilise. Ce que l’on doit y entendre et voir, s’entend et se voit donc dans l’émission de ses contrastes, de ses réverbérations, et bien entendu dans ce qui est sublimé, volatilisé. »

Dès lors, pour réduire la distance de ces voix lointaines il faut tordre la géométrie du réel, les parallèles, pour percevoir l’envers de la vie, s’éclabousser de ces voix.

La deuxième partie, Doléances du réel, est un poème irrégulier de forme et comme il l’indique s’intéresse à l’endroit pour y apporter une récrimination à cet aujourd’hui.

Si la voie de l’apparence
gagne du terrain

Seule la vérité
résiste au temps

Le feu n’est pas une étincelle.

Ou encore celui-là sous forme d’aphorisme, de sentence comme le précédent :

Nos souvenirs sources

bien vivants

déclinent l’existence

sous l’intemporalité de l’esprit

Nous refusons le vide parce qu’il est
mécaniquement impossible à envisager

L’ombre du dialogue est un recueil où la parole aérienne, fragmentaire, se volatilise en interrogeant le réel et son envers, l’ombre où se rafraichit le lecteur, ou encore se plaint de certains traits si pesants de ce réel.

Michel Lansade 
(30/10/23)    



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Poésie








Tarmac

(Octobre 2023)
60 pages - 19 €




Préface et dessins de
Régis Nivelle