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Chantal ROBILLARD

Dentelles du ru des troubadours

Comment aborder un ouvrage tissé de tant de fils de toutes les couleurs qui s'entremêlent pour former un recueil de dentelles ?  J'en tire un, essentiel, qui s'avère multiple.
Le lieu, Langeac en Auvergne, où l'autrice allait petite.

         Quant à Langeac je vais
         Chaque fois j'ai besoin
         De revoir tous mes lieux
         Favoris, mes élus
         Sont-ils bien là ?
         Ont-ils changé ou pas
         […]
         Tornade :
         Vais, grand soin pour ces lieux
         Lutter, , pas à pas

Langeac, son château ruiné et sa châtelaine troubadouresse.
         La châtelaine, 
         Dame Truc de Meyronne,
                                            Na Castelloza,

         A vu tous ces bois,
                  Forêts de Pourcheresse,
                           En a fait des vers,
          […]

         Je mets des mots sur
                   Vous, je vous vois près du feu,
                           À trouver le vers,
         Chercher la rime
                  Puis trouver la sextine
                            (mieux que les haïkus ?)

Langeac et ses eaux, son lavoir, sa fontaine, l’Allier, ses rus et l'île d'Amour.

         "Tout au bout de Langeac voilà
         L’île d’Amour, plantée au bord
         de l'Allier qu’elle va longeant
         Et tout contre se lovant..."

         Coule un petit ru
                   Là,
                            tout
                                    au
                                              fond
                                                      du
                                                               vieux
                                                                         val,

         Gorges emplies de ronces

         Ravin, autrefois
         Point de passage pourtant
         Glougloute et sinue

Les eaux de Langeac, eaux de terre, ru et rivière, font penser aux chutes du Niagara, aux grandes eaux de Versailles, à l'eau de mer de Venise.

Langeac, c'est le lieu de l'enfance, la maison du grand-père bâtie sur les ruines du château de la Troubadouresse. C'est le lieu des contes de fées.

         Sœurs en joie, Cendrillon en pleurs. Un jour encor’
         Et vient le bal. Soudain apparaît ma Marraine-dame
         "Au bal ma fille tu veux aller en pantoufles
          Va sous l'arrosoir, ces six souris, Cendrillon,
         Seront chevaux ; un potiron fera carrosse
         Je transformerai tes haillons en habits

Mais aussi des références à Perec, Saint-Exupéry ou encore Giono.

Enfin Langeac, on en vient au titre, c'est une expérience fondamentale, l'apprentissage de la dentelle avec Madame Reynaud.
         « Mi en français mi en patois
          A questa co, soupirait-elle.
         Transpassez-les là comme ça
          Bien, disait Madame Reynaud
          Et puis vlan, elle rajoutait :
         Ah, ma pauvre demoiselle ! »

C'est là sur le carreau que se construit l’ouvroir de la poésie dentellière avec des sextines, des huitains, des onzines et des haïkus, bleus, verts et écrus

L'ensemble est une ballade du temps jadis, du Langeac d’autrefois, « des rus et des ronces », de « la fontaine aux fées » et de « l’île d'Amour ».

Michel Lansade 
(01/08/23)    



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Poésie








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