Retour à l'accueil du site





Richard MORGIÈVE


La fête des mères



Un écrivain, c’est quelqu’un qui sait raconter des histoires. Vraies ou fausses, peu importe. L’essentiel est que l’on puisse y trouver sa place de lecteur ou d’humain, en ressortir si possible avec une nouvelle vision du monde, ou de l’être, ou de l’existence.

Richard Morgiève fait partie des auteurs qui savent faire vivre ce genre d’expérience essentielle. Qu’il écrive de la fiction, sur sa vie ou sur celle d’un tiers, il a cette capacité, au travers de l’originalité de ses images et de sa façon si sensible de dépeindre les sentiments, de faire partager ce qu’est le difficile mais passionnant métier d’être au monde.

Dans ce dernier roman, La fête des mères, il revient sur les thèmes qui lui sont chers, la filiation notamment, le lien père-fils en particulier, mais il le fait par la voix d’un autre. C’est en effet le pan de la vie d’un homme qui a voulu lui confier son histoire qu’il relate ici. On pourrait donc parler de ce superbe roman en disant : « C’est l’histoire d’un mec. »

Quel mec ? Un homme perdu. L’enfant d’une famille riche, dont la mère est folle (excentrique tout du moins), le père incontinent à la suite d’internements dans plusieurs camps durant la Seconde Guerre mondiale et dont les trois frères sont durs, insouciants ou querelleurs, perdus autant que lui en vérité, tentant de sauver leur peau sans y parvenir.

Pourquoi cette famille ne parvient-elle qu’à sombrer ? En quoi leur milieu bourgeois en est-il la cause ? Qu’est-ce que le vernis social cache-t-il, enterre-t-il ? Quel est ce mal-être de ceux qui auraient tout pour réussir ?
Leur manque la foi en eux-mêmes.
Leur manque l’amour.

La fête des mères met tout cela en lumière. Avec la patte de Richard Morgiève bien entendu, c’est-à-dire sans pathos, sans complainte mais avec humour parfois, sens de la dérision toujours, mais surtout intelligence du cœur et élégance du style. Avec un imaginaire unique, un rapport aux mots qui fait de chaque phrase un petit monde en soi.

Que l’on cite simplement l’incipit : « Après un grand silence qui m’a fait battre le cœur pour toute la vie, je me suis éveillé. » Si la force d’un roman, comme le prônait Aragon, est déterminée par sa première phrase, nul doute qu’avec celle-ci, Richard Morgiève a déjà gagné la partie. Et il le fait jusqu’à la fin, jusqu’à sa postface imbriquée dans le roman, jusqu’à sa dernière phrase : « Il n’y a pas d’éternité pour l’amour mais des romans pour le raconter. »

On le disait bien : un écrivain, c’est quelqu’un qui sait raconter des histoires. Merci Richard Morgiève. Grand merci de nous avoir raconté celle-ci.

Isabelle Rossignol 
(06/09/23)    



Retour
Sommaire
Lectures








Joëlle Losfeld

(Août 2023)
432 pages - 22 €





Richard Morgiève,
né en 1950, dramaturge, romancier, scénariste et comédien, a déjà publié une trentaine de livres.

Bio-bibliographie
sur Wikipédia



Découvrir sur notre site
d'autres livres
du mème auteur :

Miracles et légendes
de mon pays en guerre


Mouton

Les hommes

Le Cherokee